Affaire Bettencourt : qui est soupçonné ?

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avec agences , modifié à
Le dossier sur les largesses de la milliardaire a pris un nouveau virage. Europe1.fr fait le point.

Près d'un an après la saisine des juges d'instruction, les premières mises en examen dans le volet "abus de faiblesse" de l'affaire Bettencourt ont été prononcées. Plusieurs membres de l'entourage de l'héritière de L'Oréal, 89 ans, sont soupçonnés d'avoir abusé des largesses de Liliane Bettencourt, alors que celle-ci était déjà malade.

Selon l'expertise médicale réalisée le 7 juin, la milliardaire, actuellement placée sous tutelle, présente "une maladie d'Alzheimer à un stade modérément sévère" et elle est la proie d'un "processus dégénératif cérébral lent et progressif", de nature à jeter un doute sur sa réelle volonté de faire ces cadeaux. Cette expertise a amené le parquet de Bordeaux à ouvrir en septembre dernier des poursuites pénales pour "abus de faiblesse".

Europe1.fr fait le point sur les suspects dans cette affaire.

Me Pascal Wilhelm

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Pascal Wilhelm, l'avocat. Ancien mandataire de Liliane Bettencourt, révoqué le 17 octobre par la juge des tutelles de Courbevoie à la demande de Françoise Meyers Bettencourt, il réunirait aussi contre lui des "indices de sa participation à un abus de faiblesse" au détriment de la milliardaire. C'est ce que souligne une ordonnance du 19 octobre du président du Tribunal de grande instance (TGI) de Bordeaux, Christian Riss, évoquée par Le Monde. Sa convocation à Bordeaux serait aussi envisagée, selon une source proche du dossier.

L'avocat s'était occupé du changement de testament de la vieille dame cet été qui attribuait notamment 10 millions d'euros à l'infirmier de Liliane Bettencourt et plusieurs centaines de millions d'euros à l'Institut Pasteur. Par ailleurs, la justice pourrait s'intéresser au fait que la milliardaire ait investi sur les conseils de son avocat 143 millions d'euros dans LOV Group. Une société gérée par Stéphane Courbit dont Pascal Wilhelm est également l'avocat. Il a été placé en garde à vue lundi 11 juin.

Stéphane Courbit_630420

Stéphane Courbit, l'homme d'affaires. Pourquoi Liliane Bettencourt a-t-elle investi 143 millions d'euros dans LOV Group en mai 2011 ? C'est la question à laquelle tente de répondre la justice. Pour cela, Stéphane Courbit a été placé en garde à vue lundi 11 juin, dans le cadre de l'enquête sur un abus de faiblesse. Selon Courbit, la milliardaire "était au courant de l'investissement", ce que contredirait un témoignage de l'octogénaire, qui aurait déclaré "ne pas connaître" l'homme d'affaires. La transaction a été effectuée à l'époque où Pascal Wilhelm, avocat de Stéphane Courbit, était mandataire de Liliane Bettencourt.

François-Marie Banier à sa sortie du tribunal le 1er juillet 2010. 630420

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Marie-François Banier, le photographe. Très proche de la milliardaire pendant plusieurs années, on lui reproche d'avoir reçu de Liliane Bettencourt des cadeaux d'une valeur de 103 millions d'euros, à partir de septembre 2006, date à partir de laquelle porte l'information ouverte. D'après RTL, cette somme d'argent serait décomposée de la façon suivante : une assurance-vie Abeille-Vie d'un montant de 80 millions d'euros, 10 millions d'euros en espèces ainsi que de plusieurs œuvres d'art et manuscrits précieux.

Le photographe pourrait également être inquiété pour des virements dont il aurait bénéficié et qui proviendraient des comptes suisses de Liliane Bettencourt. 19 millions de francs suisses en tout (soit près de 15,5 millions d'euros), d'après les informations révélées par Le Point.

Par ailleurs, entre 1997 et 2007, Marie-François Banier avait déjà bénéficié de près d'un milliard d'euros de dons. Il ne sera cependant pas question de ces transactions puisqu'un accord avait été conclu entre le photographe et la fille de la milliardaire, Françoise Meyers Bettencourt, qui avait porté plainte. Il avait accepté de renoncer à 600 millions d'euros d'assurances-vie mais conservait plus de 400 millions d'euros pour lui.

Martin d'Orgeval, le compagnon de Marie-François Banier. L'homme qui partage la vie de Marie-François Banier aurait également profité de la générosité de la milliardaire. Il aurait ainsi touché 23 millions d'euros depuis 2006. Il a été mis en examen pour abus de faiblesse, blanchiment et recel, passibles de cinq ans de prison.

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Patrice de Maistre, l'ex-gestionnaire de sa fortune. Entré au service de l'héritière de L'Oréal en 2003, il a été interpellé mercredi à l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle, de retour d'un voyage au Gabon, puis conduit à la prison de la Santé, à Paris. Il a été mis en examen mercredi pour abus de faiblesse, abus de confiance et escroquerie aggravés et blanchiment, passibles de sept ans de prison. Jeudi, Patrice de Maistre, est arrivé à à l'aéroport de Bordeaux-Mérignac pour être entendu dans l'après-midi par le juge en charge du dossier.