Achat de voix : Serge Dassault sort libre de sa garde à vue

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avec Guillaume Biet , modifié à
INFO E1 - Le sénateur UMP, entendu dans le cadre de l'enquête sur un système présumé d'achats de voix, sera convoqué plus tard par les juges.

Après près de 20 heures d'audition, Serge Dassault sort finalement libre de sa garde à vue. Le sénateur UMP, entendu dans le cadre de l'enquête sur un système présumé d'achats de voix lors des municipales de Corbeil-Essonnes, sera convoqué plus tard par les juges. L'ancien adjoint de l'industriel Jacques Lebigre a, quant à lui, été déféré devant les juges en vue de sa mise en examen. Tout comme Mamadou Kebe, poursuivi pour tentative d'extorsion de fonds, et présenté comme un intermédiaire de Serge Dassaut dans l'achat frauduleux de voix.

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Libéré avant une éventuelle mise en examen ? Le propriétaire du groupe d'aviation avait été placé en garde à vue, mercredi, vers 9 heures, dans les locaux de l'Office central contre la corruption et les infractions financières et fiscales à la direction centrale de la police judiciaire à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. Sa garde à vue a été levée mercredi soir pour le laisser rentrer dormir chez lui. Et l'interrogatoire avait repris jeudi matin. Serge Dassault est finalement ressorti libre jeudi de sa garde à vue. Il devrait être convoqué ultérieurement par les juges, qui statueront de son éventuelle mise en examen.

Quel est l'objet de l'enquête des juges ? Les investigations visant Serge Dassault sont en lien avec la mairie de Corbeil-Essonnes, que le sénateur UMP a dirigée entre 1995 et 2009. Les juges d'instruction du pôle financier Guillaume Daïeff et Serge Tournaire enquêtent en effet depuis mars sur un possible système d'achat de voix, lors des élections municipales de 2008, 2009 et 2010. Le scrutin de 2008 avait été annulé pour des dons d'argent aux électeurs par le Conseil d’État, qui ne s'était pas prononcé sur leur ampleur.

L'enquête s'est accélérée ces dernières semaines. Trois premières mises en examen ont été prononcées le 17 janvier contre l'actuel maire UMP et bras droit de Serge Dassault auquel il a succédé à la tête de la ville, Jean-Pierre Bechter, sa deuxième adjointe Cristela de Oliveira, et Younès Bounouara. Ce dernier, âgé de 41 ans, figure comme un relais de l'industriel dans les cités de Corbeil. Il est actuellement détenu pour une tentative d'assassinat commise sur cette commune le 19 février 2013.

Des mouvements de fonds vers le Liban. Les juges se penchent notamment sur des mouvements de fonds entre la France et le Liban, particulièrement un transfert d'environ 18 millions d'euros sur le compte d'une société, Iskandia. Environ trois millions seraient revenus en France.

De l'argent dont ils soupçonnent qu'il aurait pu servir à l'achat frauduleux de voix via deux intermédiaires présumés, Younès Bounouara et Mamadou Kebe. Ce dernier est mis en examen dans une autre affaire instruite à Paris pour tentatives d'extorsion de fonds et appels téléphoniques malveillants à l'encontre de proches du sénateur. L'industriel lui aurait en effet remis 1,2 million d'euros, alors qu'il lui avait promis 500.000 euros de plus. Mamadou Kebe, soupçonné d'avoir harcelé Serge Dassault pour obtenir cette somme, a été confronté au sénateur jeudi matin.

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