Absentéisme : la loi Ciotti enterrée

Le Sénat a adopté jeudi une proposition de loi visant à supprimer la loi Ciotti, destinée à lutter contre l'absentéisme scolaire en suspendant les allocations familiales.
Le Sénat a adopté jeudi une proposition de loi visant à supprimer la loi Ciotti, destinée à lutter contre l'absentéisme scolaire en suspendant les allocations familiales. © MAXPPP
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3'CHRONO - Le Sénat a supprimé la suspension des allocs en cas d'absence à l'école. Pourquoi?

Elle n'aura pas fait long feu. La très contestée loi Ciotti, destinée à lutter contre l'absentéisme scolaire en suspendant les allocations familiales, n'a pas résisté à la nouvelle majorité. Jeudi matin, la ministre chargée de la réussite éducative, George Pau-Langevin, la jugeait "inefficace." Et le Sénat a adopté dans la foulée une proposition de loi socialiste visant à la supprimer. L'Assemblée nationale, majoritairement à gauche, devrait l'enterrer définitivement dans les semaines à venir. Que lui reproche-t-on? Europe1.fr vous l'explique en trois minutes.

"Dans 77% des cas, pas de retour à l'école"

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• En quoi consiste cette loi? Mis en place en janvier 2011, le dispositif prévoit en cas d'absentéisme trop fréquent et non justifié, après une convocation des parents et un avertissement, que l'inspection d'académie puisse exiger de la Caisse d'allocations familiales (CAF) la suspension partielle des allocations.

• Quel est son bilan? Les chiffres avancés par la ministre George Pau-Langevin ont convaincu les sénateurs. Selon elle, alors qu'il y a douze millions d'élèves en France, 619 suppressions d'allocations seulement ont été effectuées pour l'année scolaire 2011-2012… et 142 seulement ont ensuite été rétablies. "Dans 77% des cas, le dispositif est inefficace car l'enfant ne retourne pas à l'école", a-t-elle souligné dans une interview au Parisien.

En mai dernier, un "point d'étape" de la Caisse nationale d'assurance maladie dressait le même constat. Au bout de 13 mois, l'organisme soulignait que la suspension des allocs n’avait touché que 472 foyers. Or, on estime à 300.000 le nombre de collégiens et lycéens concernés par l'absentéisme scolaire.

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"Il faut une réelle ambition pour l'école"

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• Comment réagissent ses défenseurs? "C'est une nouvelle pierre sur l'autel de l'anti-sarkozysme primaire", s'est énervé Eric Ciotti, député (UMP) des Alpes-Maritimes, à l'origine de la loi. Le directeur de campagne de François Fillon refuse d'admettre un échec : "les premiers résultats montrent bien que la simple menace d'une suspension des allocations familiales suffit à responsabiliser les familles." "Se priver de ce mécanisme par pur dogmatisme relève de la démagogie et constitue une faute politique et morale extrêmement grave que je déplore", a pour sa part renchéri l'ancien Premier ministre François Fillon.

• Que prévoit la gauche à la place? Selon George Pau-Langevin, "il faut créer une structure où services sociaux et personnels de l'éducation puissent analyser ensemble ce qui ne va pas et ce qui peut-être fait, sans laisser les établissements se débattre seuls". Pour combattre l'absentéisme scolaire très important en lycée professionnel, elle juge "intéressant que l'on approfondisse l'idée d'une seconde professionnelle indifférenciée qui permette à l'élève de faire son choix plutôt que d'en subir un".

Vincent Peillon, François Hollande et George Pau-Langevin

© Reuters

"Seule une réelle ambition pour l'école aurait pu apporter une réponse efficace, juste, aux problématiques multiples et complexes qui sont à l'origine du décrochage scolaire", a, quant à elle, estimé la sénatrice socialiste Françoise Cartron, à l'origine de la proposition de suppression. Et de citer la loi de la refondation de l'Ecole qui sera discutée dans les prochaines semaines au Parlement.