AZF : le traumatisme des victimes

L'explosion dans un batîment de l'usine AZF avait fait 31 morts et plusieurs milliers de blessés le 21 septembre 2001 à Toulouse.
L'explosion dans un batîment de l'usine AZF avait fait 31 morts et plusieurs milliers de blessés le 21 septembre 2001 à Toulouse. © MaxPPP
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Frédéric Frangeul et Benjamin Peter, correspondant d'Europe 1 à Toulouse , modifié à
Dix ans après, la consommation d'antidépresseurs est "nettement plus haute" chez les victimes.

Le 21 septembre 2001 se produisait sur le site de l’usine chimique AZF à Toulouse la plus grande catastrophe industrielle en France depuis 1945. L’explosion d’un hangar contenant 300 tonnes de nitrates d’ammonium avait fait 31 morts et plusieurs milliers de blessés. Dix ans après les faits, les plaies les plus profondes sont souvent d’ordre psychologique.

5.000 personnes ont débuté un traitement après l'explosion

La consommation d’antidépresseurs est beaucoup plus élevée chez les anciennes victimes de l’accident que chez le reste des Français. Selon la CPAM, "près de 5.000 personnes ont débuté un traitement psychotrope dans les jours ayant suivi l'explosion alors qu'elles n'en prenaient pas auparavant".

"Les victimes ont été très traumatisées, elles ont eu une peur bleue", confie Gérard Ratier, président de président de l’Association de familles endeuillées, joint par Europe 1.fr. Lui-même a perdu son fils dans la catastrophe. Il s’est impliqué après le drame dans des associations d’aides aux sinistrés. "J’ai vu des gens victimes de simples dégâts matériels chez qui l’impact de la catastrophe a été très fort", confie-t-il.

La consommation de médicaments anxiolytiques et d'antidépresseurs est par ailleurs toujours aujourd'hui "nettement plus haute" chez les victimes d'AZF que la moyenne de la population, indique une responsable de l'Institut national de veille sanitaire (INVS).

L’utilisation excessive de tranquillisants est "une réalité"

Jacques Mignard travaillait comme animateur sécurité sur le site AZF au moment de l’accident. Aujourd’hui président de l’association Mémoire et solidarité, qui regroupe les anciens salariés de l’usine AZF, il reconnaît avoir eu "énormément de chance" en sortant indemne de la catastrophe. Pour autant, "l’utilisation excessive de tranquillisants chez les anciens salariés est une réalité. Je suis de ceux-là", avoue-t-il.

Reste que, dix ans après les faits, les spécialistes ne s'attendaient à une telle persistance  des traumatismes. "C'est surprenant. Je m'attendais à ce qu'il y ait une décroissance plus rapide", observe le médecin toulousain Jean-Yves Fatras. "Dès qu'on aborde ce sujet, ça ressort presque toujours dans la sphère émotionnelle", conclut le spécialiste.

De nombreux troubles  auditifs

Les troubles consécutifs à la catastrophe AZF ne sont pas que psychologiques. De nombreuses victimes connaissent encore des lésions auditives, liées à la puissance sonore de l'explosion. Michel Lasserre, un imprimeur toulousain, était à la banque au moment de la déflagration. "J'ai eu les conduits externes et internes de l'oreille déchirés. J'ai du mal à écouter les bruits du style sirène ou concerts. Une fête foraine, ça me fait vibrer l'intérieur de la tête", précise-t-il au micro d'Europe 1.

"J'ai eu les conduits externes et internes de l'oreille déchirés", témoigne une victime :

 

Sur les 3.000 victimes qui ont accepté de se prêter à un suivi médical après la catastrophe, les problèmes auditifs concernaient en 2007 31% des hommes et 24% des femmes pour les acouphènes, 26% des hommes et 35% des femmes pour les hyperacousies. Des affections qui sont définitives.