Xynthia : des victimes prises à partie

La fille d 'une victime a été insultée alors qu'elle se rendait au cimetière sur la tombe de son père
La fille d 'une victime a été insultée alors qu'elle se rendait au cimetière sur la tombe de son père © REUTERS
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avec Fabien Thelma et Pierre Baptiste Vanzini , modifié à
TEMOIGNAGE - Après la mise en examen du maire de La Faute-sur-Mer, la ville est divisée.

L'heure n'est plus à la solidarité à la Faute-sur-Mer en Vendée. Après la mise en examen jeudi du maire, René Marratier, pour "homicide involontaire" et "mise en danger de la vie d'autrui", l'heure semble être aux représailles contre les victimes de la tempête Xynthia qui avait fait 29 morts dans la commune en 2010. La Faute-sur-Mer se retrouve divisée en deux camps.

Des graffitis au cimetière

Plusieurs graffitis insultants envers les victimes ont été découverts dans la ville sur le mur du cimetière, où sont enterrées les personnes noyées le 28 février 2010, ainsi que sur des façades de maisons. Ces insultes, "Avif = pleurnichards = la honte" et "Avif = des pourris", visent directement l'Association des victimes de la Faute-sur-mer (AVIF), accusée par certains habitants d'avoir provoqué la mise en examen du maire. Le président de l'Avif, François Anil, entend porter plainte.

Une fille de victime a même été prise à partie. Gisèle Arnaud, qui a perdu son père lors de la tempête a été insultée et s'est fait cracher dessus samedi en allant au cimetière prendre soin de la tombe de son père avec sa fille de 12 ans.

Elle raconte au micro d'Europe 1 comment elle a été insultée par un couple de retraités :

Pour une partie des habitants de la Faute-sur-Mer, le préfet a aussi sa part de responsabilité. "Fautais défendez votre honneur, défendez votre maire" et "Brot (nom du préfet Jean-Jacques Brot, ndlr) 1er coupable que la justice s'applique!", peut-on lire sur un graffiti. L'avocat du maire, Me Olivier Metzner, avait d'ailleurs contre-attaqué après sa mise en examen jeudi, en accusant directement le préfet. "Ceux qui sont restés à leur domicile comme le conseillait le préfet sont décédés", a déclaré l'avocat.

"J'aurais honte à leur place"

La mise en cause du maire est insupportable pour Christine, qui estime que les membres de l'AVIF sont allés trop loin. "J'aurais honte à leur place de dénigrer un maire qui a fait tout ce qu'il a pu. Cela va trop loin. C'est la lassitude d'entendre toujours les mêmes à la télé", estime cette femme, également sinistrée de Xynthia, au micro d'Europe 1.

D'autres habitants, au contraire, sont choqués par ces graffitis insultant l'AVIF. "Cela vole bas, les gens qui font des tags ne sont même pas capables d'afficher leur opinion en face des gens", juge Amélie.

Beaucoup appellent au calme et à la sérénité, mais le consensus semble difficile à trouver alors que le volet judiciaire de Xynthia ne fait que commencer.