Violences aux urgences : Marseille exaspérée

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et Nathalie Chevance avec AFP
Le personnel de l’Hôpital Nord dénonce des actes de violence à répétition. Une plainte a été déposée.

Menaces de mort, violences physiques, insultes des patients et de leurs proches, etc. Des médecins et infirmiers de l'hôpital Nord de Marseille ont exprimé mardi leur exaspération après la multiplication d'actes de violence. Ces derniers mois, dans le service des urgences de l'établissement, plusieurs membres du personnel font en effet état de violences diverses.

Un accident par mois. Dimanche, un homme mécontent d'un certificat médical a par exemple menacé le médecin qui l'avait soigné de revenir "avec une kalachnikov" s'il n'obtenait pas le nombre de jours d'arrêt souhaité. Il est actuellement recherché par les services de police, qui ont ouvert une enquête.

Lundi, c'est un homme et son frère, blessés dans un accident de la circulation, qui ont créé l'incident. L'un d'eux, qui ne supportait pas d'attendre, a cassé une porte à coups de poing. Et deux vigiles de l'établissement ont été blessés dans l'altercation. La direction de l'hôpital et les deux vigiles ont porté plainte et l'agresseur a été interpellé par la police. "Nous enregistrons malheureusement un accident par mois de cette gravité", a déploré mardi le directeur de l'hôpital, Gilles Halimi.

"On m'a craché dessus". Dans les couloirs des urgences de l'établissement, situé dans les quartiers nord, une zone parmi les plus défavorisées de Marseille, beaucoup confient avoir subi des violences verbales ou physiques. Ainsi Maéva Delaveau, médecin urgentiste depuis dix ans dans la cité phocéenne, qualifie ces actes de violences de "complètement délirants".

"Moi j'ai été frappée, on m'a craché dessus. Le monsieur n'était pas satisfait de la durée d'ITT inscrite sur son certificat médical. J'ai reçu un coup de poing dans la poitrine, j'ai eu un gros hématome. Il y a eu au final un non-lieu pour la personne qui est partie en garde à vue et qui a eu un rappel à la loi", témoigne-t-elle au micro d'Europe 1.

"Des gens armés face à nous". Virginie Louviaux, une jeune infirmière, a quant à elle reçu des menaces de mort. "'On va revenir avec des armes, on va venir vous taper, on va venir vous attendre à la sortie'. C'est insupportable. Face à nous, nous avons des gens armés. On a des gens qui nous menacent de mort. Ce ne sont pas juste des insultes, si c'était seulement des insultes, on ferait avec, mais ce n'est pas que ça", alarme-t-elle sur Europe 1.

Des policiers à l'hôpital ? A l'heure actuelle, un agent est en poste 24 heures sur 24 pour assurer la sécurité. Des caméras de vidéosurveillance ont également été installées. Un dispositif insuffisant aux yeux du directeur de l’hôpital et de certains membres du personnel, qui militent pour une présence policière.

"Il faudrait une sécurité plus soutenue, par exemple des renforts de police de temps en temps", estime ainsi Virginie Louviaux. "Il faudrait que les forces de l'ordre reviennent dans l'hôpital. Pas pour faire de la répression, mais de la dissuasion. Cela permettrait d’apaiser les tensions", commente pour sa part Gilles Halimi.

Des violences en hausse de 4%. L'hôpital Nord n'est pas un cas isolé et à l'échelle nationale, 5.760 faits de violence ont été signalés en 2011, selon les derniers chiffres de l'Observatoire national des violences en milieu de santé. Dans 51% des cas il s'agit de violences physiques, soit une hausse de 4% par rapport à 2010.

Ce phénomène en constante progression inquiète les politiques. Henri Jibrayel, le député des quartiers Nord de Marseille, demande donc une réponse pénale adaptée. "Celui qui s’attaque à l’hôpital public, s’attaque à la République", prévient-il.