Un chef d'entreprise tué en Corse

Cet entrepreneur de BTP est la 18è victime d'assassinat sur l'île.
Cet entrepreneur de BTP est la 18è victime d'assassinat sur l'île. © Max PPP
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avec AFP , modifié à
Cet entrepreneur de BTP est la 18è victime d'assassinat sur l'île.

Un entrepreneur portugais de travaux publics a été tué par balles mardi dans une station-service du village de Cervione, en Haute-Corse, au sud de Bastia, a-t-on appris de source proche de l'enquête. La victime, âgée de 45 ans, a été tuée vers 13h30. "Il était attendu. C'est manifestement un assassinat", a estimé le procureur de la République à Bastia, Dominique Alzéari. C'est la 18e victime d'un homicide par balles depuis le début de l'année en Corse.

Des tirs de chevrotines

Les pompiers ont reçu l'appel d'un particulier signalant qu'un homme gisait inanimé au volant de sa voiture, au lieu-dit Prunete. La victime venait de déjeuner dans un restaurant de plage voisin et était suivie par un autre véhicule à bord duquel se trouvait un employé, son épouse et son fils, "ce qui est d'autant plus dramatique car des proches ont assisté au déroulement des faits", a déploré le procureur.

Les secouristes ont constaté que la victime était criblée de plusieurs impacts de balles au thorax et à la tête provenant notamment, selon un policier, de chevrotines tirées avec un fusil de chasse. L'entrepreneur avait travaillé sur plusieurs chantiers avec un ancien militant nationaliste reconverti dans l'immobilier, Charles-Philippe Paoli, lui-même assassiné le 29 juin 2011 à Folelli, en Haute-Corse, également sur la côte orientale, au sud de Bastia. Selon une source judiciaire, la victime était "connue des services de police".

Cet homicide s'est produit dans la plaine orientale de la Corse, en proie à la spéculation immobilière et au développement touristique. Cet zone connaît un regain de violence depuis deux ans, période durant laquelle six personnes y ont été assassinées dans des règlements de comptes : un restaurateur, deux agriculteurs, un commerçant, un entrepreneur de BTP et un gérant d'une entreprise d'expertise automobile.

La "stupeur" de Taubira

La ministre de la Justice, Christiane Taubira, a très rapidement réagi, indiquant dans un communiqué avoir appris "avec stupeur" ce nouvel assassinat et présente ses condoléances à la famille de la victime. La ministre "réaffirme la volonté du Gouvernement à faire rétablir le respect des personnes et l’état de droit en Corse", écrit-elle encore.

Lors de la séance de questions au gouvernement à l'Assemblée, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a répété que l'Etat comme les Corses devaient "assumer leurs responsabilités" dans la lutte contre la criminalité dans l'île. "Vous pouvez être certains de la détermination du gouvernement à lutter contre ces crimes organisés, contre cette dérive mafieuse", a-t-il assuré.

Un nouveau patron de la PJ en Corse

Ce nouvel homicide est intervenu deux jours après les obsèques à Ajaccio du président de la Chambre de commerce et d'industrie de Corse-du-Sud, Jacques Nacer, 49 ans, tué dans son magasin mercredi dernier par un homme seul qui est parvenu à s'enfuir. Le 16 octobre, un avocat Antoine Sollacaro, 63 ans, ancien bâtonnier d'Ajaccio avait été assassiné au volant de sa voiture dans une station-service dans cette ville.

Le gouvernement avait annoncé le renforcement du dispositif de sécurité en Corse au lendemain de l'assassinat de Me Sollacaro. Le nouveau directeur régional de la police judiciaire, Philippe Chadrys, a pris ses fonctions lundi à Ajaccio, quelques jours après une visite en urgence à Ajaccio des ministres de l'Intérieur et de la Justice, Manuel Valls et Christine Taubira. Les deux ministres devraient d'ailleurs revenir sur l'île dans les prochains jours.