Sollacaro : bisbilles autour de la Jirs

Les confrères de l'avocat tué mardi demandent le dessaisissement de cette juridiction spécialisée.
Les confrères de l'avocat tué mardi demandent le dessaisissement de cette juridiction spécialisée. © MAXPPP
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avec AFP
Les confrères de l'avocat tué mardi demandent le dessaisissement de cette juridiction spécialisée.

C'est elle qui enquête habituellement sur les affaires touchant au grand banditisme corse. Mardi, après l'assassinat de l'avocat corse, Antoine Sollacaro, la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Marseille a été immédiatement saisie de l'enquête. Inconcevable pourtant répondent ses confrères, qui rappellent à quel point Me Sollacaro s'était personnellement opposé aux Jirs.

Sollacaro était "le plus fervent pourfendeur des Jirs"

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"L'Ordre des avocats se constituera partie civile et demande le dessaisissement de la Jirs de Marseille au profit du juge naturel, c'est-à-dire d'un juge d'instruction du tribunal de grande instance d'Ajaccio", a déclaré mercredi le bâtonnier d'Ajaccio, Marc Maroselli. Me Maroselli a au passage rappelé que Me Sollacaro était "le plus fervent pourfendeur des Jirs". "Il considérait que par leur travail, les Jirs ont soufflé sur certaines braises", a ajouté le bâtonnier qui a déploré que "la tragique ironie veut que l'enquête sur son assassinat soit confiée à la Jirs de Marseille".

Antoine Sollacaro était en effet un habitué des dossiers de la Jirs. Sa clientèle comptait entre autres des anciens du Mouvement pour l'autodétermination, comme l'ex-président de la chambre de commerce d'Ajaccio Gilbert Casanova, condamné pour trafic de drogue, ou encore Antoine Nivaggioni, fondateur d'une société de sécurité, la SMS, qui fut au coeur d'une vaste affaire de fraude aux marchés publics en Corse.

"En sa mémoire, parce que c'est l'essence même de notre métier, nous continuerons sans relâche à plaider, dénoncer les injustices et les incohérences d'une certaine justice", a dit Me Maroselli. "Je veux parler là, a-t-il dénoncé, des Jirs qui depuis quelques années se sont emparées des 'Dossiers corses' en mettant en oeuvre des mesures liberticides, favorisant les antagonismes et, par là, des drames".

Alain Orsoni, invité surprise du rassemblement

Même son de cloche du côté d'un invité plutôt inattendu lors d'un rassemblement d'avocats devant le palais de justice d'Ajaccio : Alain Orsoni. Le président du club de foot de la ville, client de Me Sollacaro, avait fait le déplacement mais s'est tenu à l'écart des médias. Hors micro, il a estimé que c'est la Jirs de Marseille qui a entretenu le mauvais climat qui règne à Ajaccio.