Proxénétisme : un avocat mis en examen

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Marie-Laure Combes, avec agences , modifié à
Outre cet avocat réputé, l'affaire éclabousse un grand hôtel lillois ainsi que des des policiers.

Des policiers ripoux, un avocat réputé, des indics, des dirigeants d'hôtels de luxe, des proxénètes et des prostituées... Voilà les ingrédients nécessaires à un bon film policier. Sauf qu'il s'agit de la réalité. A Lille, une affaire de proxénétisme vient d'éclater et éclabousse le milieu du luxe et la police. Quatre personnes ont déjà été mises en examen, dont l'avocat Emmanuel Riglaire, ténor du barreau de Lille, pour "proxénétisme aggravé en bande organisée" et "association de malfaiteurs".

Un hôtel de luxe en ligne de mire

La police enquête notamment sur des faits de "proxénétisme aggravé commis en bande organisée". En clair, elle soupçonne le directeur du Carlton de Lille et le cadre chargé des relations publiques de cet hôtel de luxe d'avoir mis sur pied un réseau de proxénétisme pour pouvoir proposer des prostituées aux clients de leur établissement.

Le chargé de relations publiques, qui dit connaître le tout-Lille et serait un indic de la police lilloise, serait la tête pensante de ce réseau. Il est soupçonné d'avoir recruté des prostituées puis de les avoir fournies à un proxénète belge, propriétaire de plusieurs "salons de massage" outre Quiévrin. Dodo la Saumure, interpellé par la police belge le 1er octobre et incarcéré depuis, proposaient ensuite ces filles aux clients du Carlton, par l'intermédiaire du chargé de relations extérieures.

Le directeur de l'hôtel et son chargé de relations publiques ont été mis en examen et placés en détention provisoire la semaine dernière. Le propriétaire de l'hôtel Carlton a lui aussi été mis en examen jeudi soir pour le même motif de proxénétisme aggravé en bande organisée et incarcéré.

Avocat et policiers mouillés ?

L'avocat Emmanuel Riglaire, connu pour des affaires très médiatiques, est lui aussi au coeur de la tempête. La police le soupçonne d'avoir présenté une fille au proxénète belge pour qu'elle se prostitue dans ses bars. Il aurait en retour touché des enveloppes d'argent de Dodo, par l'intermédiaire du chargé de relations extérieures du Carlton. Mis en examen jeudi soir, il est ressorti libre du tribunal. " Je vous jure que je ne suis pas un proxénète", a-t-il lancé à sa sortie du tribunal. Les chefs de sa mise en examen et les conditions de sa remise en liberté n'ont pas pu être précisées. Un troisième gardé à vue devrait être déféré vendredi devant les magistrats instructeurs.

Des policiers lillois sont aussi dans le collimateur des enquêteurs. Cinq d'entre eux, dont un commissaire divisionnaire et un ancien adjoint de Michel Neyret à Lyon - le commissaire mis en cause dans une autre affaire de corruption -, ont été interrogés sur leur rôle dans le fonctionnement de ce réseau. Le commissaire divisionnaire aurait organisé des "parties fines" avec un entrepreneur, lui aussi placé en garde à vue, avec les prostituées de Dodo.