Prof agressé : "il m'a brisé le cœur"

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et Matthieu Bock , modifié à
- L'enseignant frappé par son élève à Bordeaux confie son incompréhension.

"Le boulot, je vais le reprendre". Au lendemain de son agression par un élève de sa classe, Christophe ne veut pas se laisser abattre. Si ce professeur d'histoire-géographie du lycée professionnel Trégey, à Bordeaux, se montre très touché, il veut aller de l'avant.

Interrogé par Europe 1, le professeur revient sur l'altercation survenue lors d'un débat sur le régime politique du Maroc, pays d'origine de l'élève. "J'ai fait un cours sur le fait religieux en France depuis 1880. A l'occasion de ce cours, j'ai un élève qui a contesté un certain nombre d'informations, qui pourtant ne sont pas contestables d'un point de vue historique", rapporte l'enseignant.

"Je vais être obligé de convoquer tes parents" 

Alors que l'élève s'énervait de plus en plus, Christophe l'a menacé de sanctions. "Il s'est particulièrement énervé au point que j'ai été obligé de lui dire : 'tu vas trop loin je vais être obligé de convoquer tes parents'. C'est manifestement le fait que je prenne l'initiative de le convoquer qui l'a mis hors de lui", estime aujourd'hui le professeur.

"Il s'est particulièrement énervé" :

Le lycéen a alors été convoqué chez le conseiller principal d'éducation. Très énervé, il s'en est aussitôt pris au mobilier en apprenant que ses parents avaient été avertis de l'incident. En sortant du bureau du CPE, il a croisé le professeur qu'il a frappé. L'élève a assené à son enseignant des claques et des coups avant d'être interpellé.

"Je ne pourrai jamais l'oublier"

Ce dernier ne cache pas son incompréhension envers cet élève avec qui il entretenait de très bonnes relations. "Je le suis depuis l'année dernière, il m'a beaucoup aidé à une certaine époque. Donc le retournement de situation est très surprenant. Je me demande s'il n'a pas sur-réagi parce qu'il s'imaginait plus ou moins consciemment qu'il était mon lieutenant. Tout ceci est très complexe et je ressens un immense sentiment de gâchis. Et s'il ne m'a pas cassé la gueule, il m'a brisé le cœur. C'est ce qui me blesse le plus, vraiment", confie Christophe.

Au lycée Trégey, les cours ont repris vendredi matin. L'enseignant compte lui aussi retourner exercer rapidement. "Moi, le boulot je vais le reprendre 99% des gamins m'adorent, je le sais. Ils me manquent déjà, je leur manque aussi. Je n'ai qu'une envie, c'est de reprendre, mais ça, je ne pourrai jamais l'oublier", assure-t-il. Jeudi, le ministre de l'Éducation nationale, Vincent Peillon, a solennellement dénoncé la violence dont sont victimes les enseignants.