Mort en garde à vue : l'enquête relancée

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Europe1.fr (avec agences) , modifié à
Pour la police, Abou Bakari Tandia s’est cogné la tête. Une version contredite par des experts.

Dans la nuit du 5 au 6 décembre 2004, Abou Bakari Tandia est tombé dans le coma alors qu’il se trouvait en garde à vue à Courbevoie, en région parisienne. Ce sans-papier de 38 ans avait succombé à ses blessures trois mois plus tard. Pour la police, cet homme s’était volontairement cogné la tête contre la porte de sa cellule par crainte d’être expulsé. Mais des experts viennent de donner une autre version des faits.

La conclusion de ces trois médecins légistes entendus le 24 février par la juge d’instruction en charge du dossier ? Il n’y a pas eu de "choc direct de la tête contre un plan dur". La fiche du Samu, remplie à l’époque des faits, mentionne d’ailleurs l'absence de traces extérieures de traumatisme crânien. Et les photos prises par des proches d’Abou Bakari Tandia le montraient déjà.

Dans un premier rapport, rendu en octobre 2008, les médecins avaient appuyé à l’inverse la thèse d’un "oedème cérébral en rapport avec la commotion cérébrale due au choc de la tête contre un plan dur". Mais ils ne disposaient alors que d’une partie du dossier médical de la victime.

Comment expliquer en définitive la mort d’Abou Bakari Tandia ? Un policier a reconnu devant la juge d’instruction qu'il avait maintenu le gardé à vue "par un étranglement avec son avant-bras" pour le ramener en cellule. Les médecins ont donc identifié "un ébranlement cérébral par violente(s) secousse(s) de la victime, phénomène connu pour provoquer une commotion cérébrale mortelle".

"J'espère que la magistrate va enfin tirer les conséquences des éléments nouveaux en mettant en examen les policiers concernés", a réagi l'avocat de la famille d'Abou Bakari Tandia, Me Yassine Bouzrou. L’affaire avait été classée sans suite une première fois avant d’être rouverte. Les policiers pourraient être rapidement réentendus.