Mort de Jean-Claude Kella, figure de la French Connection

Comme beaucoup de figures du grand banditisme de sa génération, il avait publié le récit de son histoire.
Comme beaucoup de figures du grand banditisme de sa génération, il avait publié le récit de son histoire. © PHOTOPQR/NICE MATIN
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avec AFP , modifié à
DISPARITION - Il avait passé plus d'un quart de siècle en prison, notamment à Atlanta aux Etats-Unis.

L'INFO. Il était surnommé "yeux bleus", ou bien "le diable". L'ancienne figure de la French Connection, Jean-Claude Kella est mort à Nice d'un cancer, à 69 ans. Tardivement reconverti en écrivain, il avait passé plus d'un quart de siècle en prison, notamment à Atlanta aux Etats-Unis.

"Je ne me plains pas". Comme beaucoup de figures du grand banditisme de sa génération, il avait publié en 2009 une histoire de son parcours de hors-la-loi intitulé L'Affranchi. "J'avais fait du banditisme mon métier, je ne me plains pas", avait confié en 2009 cet homme apparemment "rangé". Il recouvrait alors la liberté après avoir purgé onze ans de prison sur son ultime condamnation de quinze ans pour trafic de drogue.

Ses débuts. Tout commence à l'âge de 14 ans, lorsque son patron lui vole ses pourboires d'apprenti coiffeur. "Je l'ai traité de voleur, il a voulu me frapper, je l'ai frappé le premier. Ma vie a basculé", avait-il raconté. Finies ses aspirations de coiffeur. S'en suit une longue histoire de vols, braquages et trafics, et l'amitié avec le parrain marseillais Francis Vanverberghe, dit Francis le Belge, mort assassiné en septembre 2000 à Paris. Au sein de la French Connection, gigantesque trafic d'héroïne entre la France et les Etats-Unis dans les années 1970, Jean-Claude Kella, polyglotte, devient un intermédiaire majeur avec les chefs mafieux italiens de New-York.

L'affairer Topaze. Relaxé à plusieurs reprises contre de fortes cautions, il tombe en 1998 dans l'affaire "Topaze", un coup de filet historique dans le milieu marseillais parmi des proches de Francis Le Belge, concernant notamment un trafic de cocaïne colombienne en Europe. De ses années de détention en solitaire, il avait tiré profit pour passer un bac français et son équivalent américain, et étudier philosophie, sociologie et langues étrangères. "Ça m'a aidé à supporter l'isolement, à évoluer", avait-il raconté. Le gangster avait épousé en secondes noces la fille de Jean-Dominique Fratoni, gestionnaire de casinos sur la Côte d'Azur mort en cavale, soupçonné d'être impliqué dans la disparition d'Agnès Leroux. 

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"Code de l'honneur à l'ancienne". "Il avait opéré une rédemption par l'écriture", estime son avocate marseillaise Catherine Martini. "C'était un homme pudique, avec un code de l'honneur à l'ancienne", dit-elle. Dans un second ouvrage, Hold-up,  il avait revisité, entre témoignage et fiction, le "casse du siècle" à la Banque de France de Toulon, en 1992. Plusieurs de ses amis se sont également reconvertis sur le tard en écrivains, surfant sur la fascination exercée par le grand banditisme à l'ancienne, sans toutefois se ranger des affaires.

L'attaque d'Atlanta. En 1974, ses amis avaient notamment attaqué au bazooka le pénitencier d'Atlanta, où il purgeait une peine de 30 ans de prison, afin de le faire évader. Jean-Claude Kella a tiré sa révérence au domicile niçois de Marianne Fratoni, le 8 juillet, d'un cancer du poumon.

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