Militantes kurdes tuées : quelles pistes ?

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Frédéric Frangeul avec Alain Acco et Guillaume Perrier , modifié à
ZOOM - L’enquête ne fait que commencer après le triple assassinat perpétré mercredi soir à Paris.

L’INFO. Trois militantes du PKK ont été froidement exécutées mercredi à soir à Paris. Selon les informations recueillies par Europe 1, elles ont été touchées de plusieurs balles dans la tête. A tel point que l’une d’entre elle n’a pu être formellement identifiée.  Mais, d’après ses proches, il s’agirait de Sakine Cansiz, militante historique et proche d’Abdullah Öcalan, le leader du PKK, le parti des travailleurs kurdes. Les motifs de ce triple assasinat demeurent incertains.

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Ce qu'on sait déjà. Outre Sakine Cansiz, Fidan Dogan, représentante du Congrès National du Kurdistan (KNK), et Leyla Soylemez sont les deux autres victimes de cet assassinat, âgées de 25 et 28 ans. Elles étaient chaudement habillées, comme si elles venaient d’arriver ou s’apprêtaient à partir. Elles ont sans doute été tuées par quelqu’un qui les connaissait. Aucune trace d’effraction n’a en effet été relevée dans cet appartement situé au premier étage d’un immeuble tranquille. Les enquêteurs n’ont pas non plus relevé de traces de vols et l’appartement n’a pas été fouillé.

L’hypothèse de l’assassinat politique. Les discussions politiques cruciales actuellement en cours en Turquie entre le gouvernement turc et le chef du PKK, Abdullah Öcalan, sont la toile de fond privilégiée par les observateurs pour expliquer ce triple assassinat. Avec ces pourparlers, le PKK et l’Etat turc tentent de mettre fin à une guerre qui déchire le pays depuis 30 ans et qui a fait 45.000 morts. Ces derniers jours, les négociations avaient fait des progrès notables.

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Des conflits internes au PKK ? "Nous savons qu’au sein du PKK, il y a deux sensibilités", explique le chercheur Didier Billion, spécialiste de la Turquie. "Il y a une aile qui serait plutôt favorable à une forme de compromis et une aile qui est totalement radicalisée et pense qu’il ne peut y avoir de solution que militaire", ajoute-t-il. "Il y a déjà eu, dans les années précédentes, des règlements de comptes", précise Didier Billion.

La piste turque ? L’autre hypothèse est la piste ultra-nationaliste liée à l’état turc, solidement implantée en Europe. C’est la piste privilégiée par les sympathisants kurdes qui y voient un moyen de faire capoter les négociations en cours.  "Mais je ne vois pas qui en Turquie aujourd'hui aurait la capacité logistique et surtout l'intérêt de faire capoter les négociations", estime Didier Billion. Pour leur part, les policiers n'écartent pour leur part aucune piste : la section antiterroriste de la brigade criminelle parisienne et la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire sont co-saisies de cette enquête.