"Le procès m’a détruite une seconde fois"

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Frédéric Frangeul et Guillaume Biet , modifié à
 - Après le verdict du procès des "tournantes", l'une des plaignantes dit son amertume.

"Franchement, ça fait super mal". Aurélie*, l’une des deux plaignantes dans l’affaire dite des "tournantes" dans des cités de Fontenay-sous-Bois, est effondrée. Elle n’a pas été reconnue victime à l’issue du procès qui s’est tenu devant la cour d’assises des mineurs du Val-de-Marne : les quatre hommes poursuivis pour viols dans son dossier ont tous été acquittés jeudi. "Là, on m’enterre", dénonce aujourd'hui la jeune fille au micro d’Europe 1.

"J'aurais dû ne pas porter plainte"

Dans cette affaire où une autre jeune fille, Nina, était sur le banc des victimes, deux accusés ont été condamnés à cinq ans dont quatre avec sursis, un troisième a été condamné à cinq ans dont quatre ans et demi avec sursis et le dernier à trois ans avec sursis. "Qu’est-ce que c’est six mois de prison pour une vie gâchée ? C’est ridicule. Autant ne pas les condamner", déplore Aurélie. "J'aurais dû ne pas porter plainte", regrette la jeune fille.

"Le procès m'a détruite une seconde fois. Là, on m'enterre", affirme-t-elle. "Je n'aurais jamais pensé que ça se passerait comme ça".

"Là, on m'enterre", assure Aurélie :

"On ne peut pas inventer des histoires pareilles"

Aurélie a également du mal à accepter le déroulement du procès. "C'étaient plutôt nous les accusées que les plaignantes", enrage-t-elle. "Treize ans après, comment voulez-vous qu'on se souvienne de tel ou tel détail ? Cela été trop long", ajoute-t-elle. "On dénonce des faits de tournantes et de viols collectifs et on attend huit ans pour avoir un procès," regrette-t-elle.

Mais, "on ne peut pas inventer des histoires pareilles", fait valoir Aurélie. "Les accusés demandent des dommages et intérêts, mais on va où ? Ça fait des années qu'on souffre" explique Aurélie qui voulait "juste être entendue comme victime".

"Essayer de me reconstruire"

Comment, désormais, la jeune fille voit-elle son avenir ? "Je vais essayer de me reconstruire. Je vais avancer, tourner la page", assure-t-elle. A l’énoncé du verdict, Aurélie a quitté la région parisienne par peur des représailles.

* Elle a été prénommée Stéphanie durant le procès à huis-clos pour protéger son identité.