La colère des gendarmes sur le net

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avec AFP , modifié à
Après la mort de leurs collègues dans le Var, c'est sur les forums qu'ils disent leur émotion.

Groupe Facebook, pétition en ligne, commentaires insurgés sur les forums... la mort de deux femmes gendarmes dimanche, à Collobrières, dans le Var, suscite une vague d'émotion sur Internet. De nombreux gendarmes expriment "colère", "tristesse" et "incompréhension" face au meurtre de leurs collègues, tuées par arme à feu par un homme déjà connu des services de police et plusieurs fois condamné.

"La gendarmerie nationale est touchée en plein cœur ! Solidarité aux proches des victimes et à tous leurs collègues de travail !", peut-on lire dans les commentaires postés en ligne par des hommes ou des femmes gendarmes qui n'ont pas de syndicats comme les policiers et s'expriment sous le sceau de l'anonymat.

Une pétition lancée sur Facebook

Sur Facebook, les hommages respectueux aux deux femmes tuées sont entrecoupés de messages de colère. La pétition pour que le tueur de gendarmes du Var soit condamné à perpétuité a recueilli près de 1.500 signatures. Et le groupe du même nom sur Facebook rassemble plus de 3.700 personnes.

Les conditions de travail dénoncées sur les forums

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Les forums de gendarmes ont été largement consacrés à cet événement lundi. Sur le groupe La gendarmerie défie la police : côté gendarmerie, chaque lien renvoyant à la mort des deux gendarmes fait l'objet de plusieurs centaines de partages. Sur celui de l'association Gendarmes et Citoyens, qui anime un site Internet auquel participent de nombreux gendarmes anonymes, plus de 100 messages ont été diffusés. Des blogs de gendarmes ont aussi été largement consacrés à cette affaire.

La plupart des internautes insistent sur les conditions de travail et le fait de savoir si des patrouilles à deux sont "adaptées à la situation". "Pas assez de matériel sur le terrain, pas assez de personnel, des moyens radio tout pourris, des véhicules dans un sale état", témoigne l'un d'eux, tandis qu'un autre se demande si la "direction (de la gendarmerie) va relayer nos problèmes auprès du gouvernement".

Des actions prévues

Autre sujet de discussion, la présomption de légitime défense réclamée par les gendarmes. Ces derniers sont nombreux à penser que l'une de leur collègue n'aurait pas été tuée si elle avait pu se défendre plutôt que de fuir. "Peut-être était-ce juste de la peur, mais peut-être était-ce aussi la peur de ce qui se passerait pour elle si elle utilisait son arme", s'interroge Spence2011 sur le forum.

"C'est parfaitement inadmissible qu'un militaire armé (...) soit CONTRAINT de prendre la fuite pour ne pas avoir à répondre de ses actes devant une juridiction de jugement et être livré à la vindicte populaire et journalistique...", déplore à son tour un internaute cité par Le NouvelObservateur.

Sur le forum gendarmerie et citoyen, certains gendarmes avancent la possibilité de fermer "en signe de deuil" les gendarmeries en France le jour des obsèques ou de porter en permanence un brassard noir. Certains ont encore émis l'idée de mettre sur le véhicule de gendarmerie un bandeau portant l'inscription "Gendarmerie en deuil".

L'UNRPG et L'Essor discrets

L'Union nationale du personnel en retraite de la gendarmerie (UNRPG) et son mensuel d'expression, L'Essor de la gendarmerie, ont déclaré de leur côté lundi dans un communiqué que "cette tragédie met l'accent sur la nécessité de disposer des moyens suffisants pour assurer une surveillance continue sur toute l'étendue du territoire".

Mais l'UNRPG et L'Essor, qui constituent pourtant le plus important canal de réaction ou de revendication des 100.000 gendarmes français, n'ont pas fait écho officiellement à cette poussée de fièvre sur Internet. Signe que c'est une colère venant de la base qui s'exprime.