Enfant décapité à La Réunion : la piste de la vengeance

Le père du garçonnet est soupçonné de s'être livré à un sacrifice humain.
Le père du garçonnet est soupçonné de s'être livré à un sacrifice humain. © GOOGLE MAPS
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C'est ce qu'aurait expliqué le père du garçonnet décapité, a indiqué jeudi le procureur de Saint-Denis.  

Le crime. Les témoins parlent d'une "véritable boucherie". Le corps d'un enfant de 4 ans a été découvert mercredi décapité et éventré,  sur la commune de Saint-benoît, au nord-est de l'ile. Le père du garçonnet a été arrêté. Il a déjà été condamné plusieurs fois, notamment pour des violences et pour exhibitionnisme, mais n'a jamais effectué ses peines de prison.

Tué au sabre. L'enfant et sa mère, qui est séparée du père mais continue d'entretenir une relation sporadique avec lui, avaient rendu visite au père mardi soir. Une violente dispute avait éclaté entre les parents dans la soirée. C'est la mère de l'enfant qui a découvert le corps de son fils et alerté le cousin du suspect, voisin, au milieu de la nuit. Arrivés sur place, les gendarmes et les pompiers n'ont tout d'abord pas pu s'approcher du corps, car le père les attendait avec un sabre, qui a vraisemblablement servi à tuer l'enfant. Il a ensuite été interpellé.

Dévoré par les chiens. Les gendarmes ont alors découvert le corps du petit Mattéo, 4 ans, dans une cour où se trouvaient les huit chiens du suspect. Les animaux avaient commencé à dévorer le cadavre. L'enfant a été décapité puis brûlé. La maison se situe dans une ravine accessible uniquement à pied, dans le quartier populaire de Beaulieu. En état de choc, la mère de l'enfant a été hospitalisée.

Un homme violent. L'homme de 38 ans était connu pour sa fragilité mentale. Ses voisins le décrivent comme un homme "violent quand il est saoûl". "Il a été condamné à plusieurs reprises pour des faits de vols avec violence, de violences aggravées et d'agressions sexuelles", a indiqué le procureur jeudi . "Il devait encore exécuter une peine de 6 mois de prison, et depuis le mois d'avril, il faisait l'objet d'un avis de recherche pour ne pas s'être présenté à différents rendez-vous judiciaires. Les gendarmes le cherchaient, mais manifestement, il se cachait", a déclaré le procureur.

Une vengeance. Le suspect aurait agi par vengeance après que son ex-compagne lui a avoué qu'il n'était pas le père de l'enfant, a indiqué jeudi le procureur de Saint-Denis. Les gendarmes ont établi que l'homme avait frappé son ex-compagne, avant de s'en prendre violemment à l'enfant. L'altercation avec la mère et son enfant a commencé dans la cour, puis le suspect s'est emparé de Mattéo et l'a conduit dans la modeste maison. Selon les constatations des techniciens de l'identification criminelle, c'est là que le crime a été perpétré.  "Le petit Mattéo a d'abord été frappé à mains nues par le suspect, avant d'être tué avec une arme blanche, puis décapité et éventré", a détaillé le magistrat. Le procureur a écarté l'hypothèse d'un rite sacrificiel ou d'une pratique de sorcellerie, qu'avait pu laisser supposer la présence de gros sel et de safran découverts sur le sol, aux abords de la maison.

"Dès le début de son interrogatoire, le meurtrier présumé a expliqué qu'il avait tué une poule, puis il s'est enfermé dans un mutisme total. Il ne dit rien sur son passage à l'acte", a encore indiqué le procureur. "Il n'en sort épisodiquement que pour tenir des propos totalement incohérents", a-t-il ajouté.

Une information judiciaire ouverte. Le suspect devrait être déféré jeudi au parquet de Saint-Denis qui a ouvert une information judiciaire pour meurtre sur enfant de moins de 15 ans, accompagné d'actes de torture et de barbarie. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. De son côté, le rectorat de l'Académie de La Réunion a mis en place une cellule psychologique au sein de l'école maternelle que Mattéo fréquentait à Saint-André