ETA : les policiers oublient les scellés

© MAXPPP
  • Copié
C.B avec AFP
Une dirigeante présumée d'ETA a été interpellée dimanche. Le Raid a oublié les scellés sur place.

Grosse bourde des policiers du Raid, près de Mâcon, à 70 kilomètres de Lyon. Les forces d'élites, qui ont procédé dimanche à l'interpellation de deux militants présumés d'ETA, ont oublié les scellés sur les lieux de l'arrestation, rapporte Le Bien Public. Cinq sacs plastiques comprenant les preuves de l'implication des deux interpellés au sein du groupe armé basque ont en effet été laissés à proximité des poubelles de la résidence Moreau.

C'est la gérante de la résidence qui a rapidement contacté les policiers pour leur indiquer que les journalistes tournaient autour des sacs suspects. A l'intérieur se trouvaient notamment des armes, de faux papiers d’identité, des munitions ainsi que des habits. Des objets appartenant principalement à Izaskun Lesaka Argüelles, une militante présumée d'ETA considérée comme une figure majeure du groupe armé séparatiste basque.

En fuite depuis 2005

La militante trentenaire, en fuite depuis 2005, a en effet été interpellée vers 2 heures du matin dans un hôtel de Mâcon, en Saône-et-Loire, en compagnie d'un autre membre présumé du groupe, Joseba Iturbide Ochoteco. Vers 15h30, les deux suspects, encadrés par des policiers cagoulés, ont été sortis de ce bâtiment aux murs couleur brique et conduits dans des véhicules de police.

La militante au physique robuste, dont le visage était caché sous une veste noire, est apparue en polo noir et pantalon beige. Se débattant, elle a révélé un visage pâle, cheveux roux plutôt courts cadrant des sourcils froncés. Son complice a suivi peu après, le visage entièrement caché par un vêtement gris.

La militante se cachait dans les gîtes français

"Depuis deux ans, Izaskun Lesaka Argüelles est l'une des terroristes qui forme le comité exécutif de l'ETA (avec David Pla et Iratxe Sorzábal), et c'est la plus expérimentée des trois", rappelle le ministère espagnol de l'Intérieur. Selon le quotidien espagnol El Mundo, Izaskun Lesaka dirigeait actuellement l'appareil militaire de l'ETA et avait pour habitude de se cacher dans des hôtels ou gîtes ruraux en France.

Née à Pampelune, en Navarre, en 1975, elle avait été condamnée en son absence, en janvier, à six ans de prison par le tribunal correctionnel de Paris pour son appartenance à l'ETA. Selon les médias espagnols, elle serait l'un des chefs du groupe armé à l'origine de l'annonce historique du 20 octobre 2011.

"En raison de l'énorme importance de cette opération", le ministre espagnol de l'Intérieur, Jorge Fernandez Diaz, s'est entretenu avec son homologue français Manuel Valls, "qu'il a remercié pour son aide décisive", a annoncé le gouvernement espagnol. Manuel Valls a salué l'arrestation des membres de l'ETA "installés en France dans la clandestinité", louant "la coopération fructueuse" franco-espagnole en matière de lutte anti-terroriste.

Nouveau coup dur pour l'ETA

Cette interpellation, effectuée dans le cadre d'une enquête conjointe de la Garde civile espagnole et la police française, porte un nouveau coup à l'organisation, frappée par une série d'arrestations ces derniers mois en Espagne, en France et en Grande-Bretagne. Lundi, un étarra présumé de second plan, Saul Curto Lopez, 32 ans, avait déjà été interpellé dans le Puy-de-Dôme, selon des sources policières.

L'ETA avait annoncé il y a un an, le 20 octobre 2011, qu'elle mettait fin définitivement à la violence après plus de 40 ans de lutte armée pour l'indépendance du Pays basque et de la Navarre. Malgré les arrestations, l'organisation, dont seuls quelques dizaines de membres actifs seraient encore en liberté, refuse de se dissoudre et de rendre les armes, comme le réclament l'Espagne et la France.

>>> A lire : L'ETA range les armes