Drame de l'A20 : les questions en suspens

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Europe1.fr résume les zones d'ombre qui entourent l'accouchement qui a viré au drame.

Le mort d'un nourrisson dont la mère a accouché au milieu de l'autoroute A-20 dans le Lot vendredi pouvait-il être évité ? La question reste sans réponse trois jours après le drame. L'interrogation de la Santé, Marisol Touraine, a d'ailleurs confirmé dimanche qu'il y avait "beaucoup de questions" autour de cet accouchement qui a viré au drame.

Le président de la République a demandé une enquête au ministère de la Santé. Hospitalisée à Cahors, la jeune femme, âgée de 35 ans, a donc reçu dès samedi la visite des médecins inspecteurs de santé publique. Objectif : comprendre les raisons de ce drame. Europe1.fr revient sur les points clés de l'enquête.

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Une grossesse à risques. Selon le témoignage recueilli par les enquêteurs, la jeune femme a eu une grossesse particulièrement difficile. Durant toute sa grossesse, l'état de santé de la future maman était particulièrement fragile. Elle a notamment dû rester allongée pendant plusieurs semaines.

Malgré ces périodes d'alitement, l'accouchement est survenu à sept mois à peine de grossesse. En prenant la route, la femme enceinte se trouvait dans un état particulièrement fragile, selon des informations du Journal du Dimanche.

De mauvaises recommandations ? Le matin du drame, la jeune femme s'était rendue, avec son compagnon, chez son gynécologue à Figeac, soit à une vingtaine de kilomètres de son domicile de Lacapelle-Marival. Craignant l'arrivée imminente du bébé, le praticien lui aurait conseillé de se rendre rapidement à l'hôpital de Brive, réputé pour la prise en charge des accouchements difficiles, indique la Dépêche du Midi.

Marisol Touraine

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Problème : cet établissement se trouve à une heure et quart de route et le couple décide de s'y rendre seul, dans son véhicule personnel. Au regard de l'état de santé de la future maman, les parents auraient en effet pu bénéficier d'un transport médicalisé. "Cette femme, qui avait manifestement une grossesse à risques, a-t-elle été prise en charge dans de bonnes conditions ? Cet enfant était très prématuré et de très petite taille", s'est interrogée Marisol Touraine dimanche, se gardant bien d'apporter des réponses avant que les enquêteurs n'aient fini leur travail.

Mais pour Anne-Marie Bader, qui dirige le centre de périnatalité de Figeac, où travaille le gynécologue du couple, son confrère n'est en rien responsable du drame survenu samedi. "Il n'a fait aucune erreur, il a pris les bonnes décisions, il connait bien son métier, il n'y aucun doute là-dessus", estime-t-elle au micro d'Europe 1. D'après le gynécologue, le couple n'envisage d'ailleurs pas de porter plainte contre lui.

Un mauvais choix de maternité ? "La maternité de Brive n'était pas la plus proche du domicile des parents", a précisé la ministre de la Santé dimanche. La ville de Figeac, où se trouvait le couple pour son rendez-vous avec le gynécologue, possède en effet un hôpital et un service d'urgence.

Par ailleurs, le couple habitant à Lacapelle-Marival, les maternités de Cahors (environ 66 km) et Decazeville (48 km) étaient par exemple plus proches que celle de Brive-la-Gaillarde (78 km), indique Le Populaire. Le choix de cette dernière maternité semble donc dicté par l'accouchement à risques de la femme.

Le problème des déserts médicaux ? François Hollande a clairement fait un parallèle samedi entre la mort du nourrisson et le problème des déserts médicaux, ces zones où l'accès aux soins est insuffisant. "Mais au-delà du cas particulier de cet accident, il y a un enjeu majeur autour des déserts médicaux et c'est à cela qu'il va falloir apporter des réponses", a abondé la ministre de la Santé dimanche.

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Un avis que ne partage pas Israël Nisrand, chef du département de gynécologie au CHU de Strasbourg. "Il y aura toujours des circonstances comme celle-là même, même si on mettait tous les cinq kilomètres une maternité avec réanimation pédiatrique. Aujourd'hui, on a un service de réanimation pédiatrique pour un million d'habitants, le Lot qui a 170.000 habitants, a une maternité de haut niveau", précise le professeur au micro d'Europe 1.

Selon lui, le nourrisson aurait pu être sauvé si la femme enceinte avait bénéficié d'un moyen de transport médicalisé. Et de conclure : "On peut essayer de faire se déplacer plus rapidement les gens, en les déplaçant éventuellement en hélicoptère, mais on ne peut pas multiplier les moyens existants."