Colombes : "ils lui ont délivré un permis de tuer"

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et Noémie Schulz , modifié à
TÉMOIGNAGE E1 - Une plainte contre X pour "négligences" a été déposée par la mère d'une des victimes. L'agresseur était un récidiviste.

"Ils lui ont délivré un permis de tuer !". La mère de l'une des deux femmes sauvagement agressées, le 7 août, à Colombes, dans les Hauts-de-Seine ne décolère pas. Elle a d'ailleurs déposé plainte contre X pour "mise en danger de la vie d’autrui ou pour toute autre infraction que l’enquête pourrait révéler". Cette mère de famille désemparée depuis l'agression de sa fille dénonce une série de "négligences" dans le suivi du suspect, un détenu en semi-liberté. Dans cette affaire, le suspect, un récidiviste, a été mis en examen et écroué une semaine environ après les faits. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

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"Toute sa journée pour faire n'importe quoi". Le 7 août dernier, alors qu'elle rentre chez elle vers 21 heures, Priscillia est agressée par Sofiane à hauteur de la gare de La Garenne-Colombes. A cette heure, le jeune homme de 26 ans est censé avoir regagné sa cellule de la prison de la Santé depuis trois heures. Condamné pour plusieurs délits en 2012, le jeune homme est placé depuis mai dernier sous le régime de la semi-liberté. Durant le mois d'août, le récidiviste qui purge une peine pour "conduite en état d'ivresse, conduite sans permis de conduire, recel, refus d'obtempérer, dégradation" est censé effectuer un stage dans une supérette. Sauf que ce n'est pas le cas.

"Personne n'a vérifié qu'au moins d'août, là où il faisait son stage, c'était fermé pour tout le mois. Ce jour là, le gars est parti de la prison à 6 heures du matin et rentré à 23h55 en prétextant un rendez-vous chez le kiné à 21 heures. Mais personne ne vérifie que le rendez-vous est bidon, donc qu'il n'y ait pas allé et qu'il a toute sa journée pour faire ce qu'il veut, n'importe quoi", déplore la mère de Pricillia, au micro d'Europe 1.

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Deux agressions en moins d'une heure. N'importe quoi et surtout le pire. Car après avoir tenté de la violer, le suspect a littéralement "massacré" la jeune femme à coups de poing. La victime était au téléphone au moment du drame et son interlocuteur a tout de suite appelé les secours. Quand ils arrivent sur place, l'agresseur se trouve à une centaine de mètres et s'en est déjà pris à une autre victime, qu'il parvient à violer cette fois.

Un "prédateur" selon les enquêteurs. A l'aide des caméras de viodéosurvaillence, la trace de l'agresseur est rapidement retrouvée. Ce dernier, décrit comme "un prédateur" par les enquêteurs, est interpellé cinq jours après les faits et ses phalanges présentent toujours les marques des coups qu'il a donnés. Trois semaines après les faits, Priscillia se trouve d'ailleurs toujours dans le coma à l'hôpital Beaujon de Clichy. "Ma fille est dans le coma depuis trois semaines, il est possible qu'elle ait de graves séquelles", s'inquiète la mère de famille.

"Les faits sont là". "Je veux obtenir réparation pour ma fille et que les choses changent. Je veux mettre en avant toutes les personnes qui n'ont pas fait leur job. Quelque soit les raisons, soit parce qu'ils se trouvent mal payés et qu'ils ne veulent pas en faire plus, soit parce qu'ils n'ont pas le temps, ou que l'on ne leur donne pas les moyens. Mais, tout cela ça m'est égal, les faits sont là. Ils lui ont vraiment délivré un permis de tuer", s'alarme la mère de famille au micro d'Europe 1.

Déjà condamné pour agression sexuelle. Car le jeune suspect avait déjà été condamné pour des agressions sexuelles en 2004 et 2009. Dans sa plainte, la mère s'étonne, par la voie de son avocat Me Gilles-Jean Portejoie, que l'auteur présumé ait pu bénéficier du régime de semi-liberté. La plaignante dénonce également de "véritables négligences" de l'administration pénitentiaire et du juge d'application des peines dans le suivi de l'agresseur présumé. Cet aménagement de peine lui avait été accordé pour lui permettre d'effectuer son stage dans une supérette.