Brétigny : des vols sur le lieu de l'accident

Les pillards tentaient de voler les téléphones portables des victimes de l'accident ferroviaire de Brétigny-sur-Orge
Les pillards tentaient de voler les téléphones portables des victimes de l'accident ferroviaire de Brétigny-sur-Orge © REUTERS
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Thomas Morel, Gaétan Supertino et Guillaume Biet , modifié à
Des secouristes qui tentaient de porter secours aux victimes du déraillement ont été pris à  partie.

L'info. Alors qu'ils tentaient de porter secours aux victimes du déraillement du Paris-Limoges, dans lequel six personnes ont trouvé la mort vendredi, des secouristes ont été pris à partie par un groupe de jeunes vendredi soir à Bretigny-sur-Orge. Les versions divergent sur la nature exacte de l'incident, qui a provoqué de vives indignations, mais dont la gravité n'est toutefois pas encore clairement déterminée. Evoquée par une policière vendredi soir, l'accusation de pillage des victimes a été démentie par les secouristes et les autorités. Retour sur les faits.

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"Ils semblent porter secours aux victimes". Vendredi soir, Nathalie Michel, du syndicat de police Alliance, classé à droite, livre sa version des faits au micro d'Europe 1 : "A 17 heures 30, alors que nos collègues interviennent, ils voient un groupe de jeunes qui approchent et qui semblent porter secours aux victimes. Très rapidement, ils se rendent compte que ces individus sont présents pour dépouiller les victimes et notamment les premiers cadavres", s'insurge la syndicaliste.

Selon Nathalie Michel, qui raconte la suite de la scène, les policiers décident alors de les chasser, mais les jeunes n'entendent pas se laisser faire. Ils ripostent aux forces de l'ordre en leur jetant des pierres, ainsi qu'aux pompiers en cours d'intervention. Pour s'en débarrasser, les secours sont contraints de demander des renforts. "C'est inqualifiable, monstrueux", ajoute encore Nathalie Michel, écœurée.

Ecoutez la version de la syndicaliste d'Alliance :

Brétigny policièrepar Europe1fr

Selon LeMonde.fr, des témoins auraient vu une trentaine de jeunes tentant de voler des effets personnels. Ils auraient également caillassé les pompiers, avant d'être évacués hors du périmètre par les CRS. La sûreté départementale de l'Essonne est chargée de déterminer s'il y a eu pillage ou volonté de pillage.

Le gouvernement nuance. Samedi matin, sur iTélé, le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, lui, fait état d'"actes isolés", d'"une personne interpellée", et d'"une tentative de vol de portable" au préjudice d'un secouriste, mais dit ne pas avoir eu connaissance "de victimes dépouillées" et "véritables actes commis en bande". Il confirme cependant que des pompiers ont "par petits groupes été accueillis de façon un peu rude" sur le site de l'accident.

De son côté, le sous-préfet d'Etampes, Ghyslain Chatel, a lui démenti que des secours aient fait l'objet de jets de projectiles, à l'exception d'un camion de pompiers.

Des interpellations. Dimanche, quatre jeunes hommes sont interpellés à Brétigny-sur-Orge. Ils sont soupçonnés d'avoir participé à la bousculade lors de laquelle un urgentiste s'est fait dérober son téléphone portable, évoquée par le ministre Cuvillier. Dès vendredi soir, un adolescent de 16 ans de Brétigny-sur-Orge avait été interpellé dès vendredi soir près des lieux de l'accident. Il se trouvait toujours en garde à vue dimanche.

Une situation tendue. Suite à ces interpellations, l'AFP a détaillé dimanche les circonstances des incidents. Un accrochage a trouvé sa genèse quinze minutes après l'accident, quand des jeunes gens qui se trouvaient à la gare de Brétigny-sur-Orge se sont dirigés vers les quais. Un différend a éclaté entre un secouriste et plusieurs de ces jeunes car, selon une autre source proche de l'enquête, ils n'auraient pas obtenu qu'une jeune femme qui les accompagnait soit observée par le médecin. D'autres sources indiquent que des jeunes voulant porter secours aux victimes, mécontents d'être éloignés des lieux de la catastrophe en raison de la mise en place d'un large périmètre de sécurité, ont lancé des projectiles vers des représentants de l'Etat.

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La droite charge. La droite, quand à elle, a sauté sur l'occasion et fait part de son indignation dès les premières informations concernant les incidents. Valérie Pécresse, chef de file UMP au Conseil régional d'Ile de France, a ainsi dénoncé des actes "purement inacceptable". "Immense soutien aux courageux secours. Honte aux voyous dont l'inacceptable attitude commande des sanctions immédiates et exemplaires", a également commenté le Vice-président de l'UMP, Guillaume Peltier.

Le député PS de l'Essonne Jérôme Guedj a lui aussi dénoncé de "sombres crétins inhumains (qui) ont manifestement profité de la cohue pour voler téléphone(s) portable(s) et des bagages". "Ne rien minimiser. Ne rien taire. Mais ne rien exagérer non plus (pas de scène de pillage, dixit des secouristes)", a toutefois prévenu l'élu.