Agnès : "un trouble indécelable"

© MAXPPP
  • Copié
avec AFP , modifié à
- Celui qui a coordonné le suivi de l'adolescent dément tout dysfonctionnement.

Y-a-t-il eu un dysfonctionnement dans le suivi de l'adolescent mis en examen pour le viol et le meurtre de la jeune Agnès ? La question agite les politiques et les syndicats de magistrats. Celui qui a coordonné le suivi de l'adolescent dément de son côté toute erreur.

Interrogé lundi lors du JT de TF1, Claude Guéant, le ministre de l'Intérieur avait assuré : "oui, il y a eu dysfonctionnement". Pour y remédier, il a proposé une expertise pluridisciplinaire des signes de dangerosité ainsi qu'un meilleur partage de l'information sur le passé judiciaire des mineurs. En résumé, il ne sera plus possible de procéder à des inscriptions scolaires sans avoir fourni une information complète au chef d'établissement.

"Il ne faut pas chercher dans son acte une défaillance"

Pas si simple selon Jean-Marie Angelini. Celui qui était jusqu'au 1er octobre le responsable de l'unité pédagogique de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), à Nimes, était chargé du suivi de l'adolescent. Aujourd'hui à la retraite, il estime que ces mesures ne se seraient révélées d'aucune utilité pour le lycéen, meurtrier présumé d'Agnès, qu'il qualifie de cas "tout à fait atypique".

"Il ne faut pas chercher dans son acte une défaillance des institutions. Son suivi était exemplaire mais il souffre peut-être d'un trouble psychique indécelable jusqu'ici", rétorque Jean-Marie Angelini, répondant ainsi aux critiques du garde des Sceaux, Michel Mercier. "Nous avons préconisé un certain nombre de choses qui ont été prises en compte", a-t-il affirmé sur Europe 1, énumérant l'"éloignement", la "scolarité", l'"accès au soins" et le "suivi éducatif". "Dans cette affaire, nous avons été extrêmement vigilants", a-t-il ajouté.

"Nous avons eu une scolarité qui s'est développée de manière très satisfaisante. Et [le lycéen suspect] a pu avoir des rencontres avec son psychothérapeute sur Chambon-sur-Lignon", a-t-il ajouté au micro d'Europe 1.

Un cas unique à ma connaissance :

"Je serai tenté de dire que si un dysfonctionnement a eu lieu, c'est [le jeune homme] le dysfonctionnement. C'est-à-dire qu'à un moment donné, quelque chose au niveau de son psychisme n'a plus fonctionné et lui a fait poser l'acter gravissime qu'il a commis. C'est un cas unique, à ma connaissance", commente celui qui a coordonné le suivi de l'adolescent, interrogé par Europe 1.

"L'unique dysfonctionnement, c'est lui-même"

Alors que les parents d'élèves du collège-lycée Cévénnol soulignaient lundi un "caractère inadéquat" et des signes avant-coureurs du drame, Jean-Marie Angelini assure qu'il était impossible de "prédire - et ce en dépit des ses actes d'août 2010 -  qu'il puisse dériver ainsi." "L'unique dysfonctionnement, c'est lui-même qui l'a mis en place", poursuit-il.

Un avis partagé par les syndicats de magistrats qui s'interrogent sur les dysfonctionnements évoqués par Claude Guéant lundi soir. "Ni Guéant, ni Chatel, ni le garde des Sceaux n'ont dit où étaient ces dysfonctionnements. On met un mot pour plaire à l'opinion publique. On n'a pas les rapports d'enquête évidemment", a relevé Christophe Régnard, président de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire).

Après l'annonce de mesures lundi par le gouvernement, il a redouté "des solutions simplistes qui ne règlent pas les vrais problèmes". Une inquiétude partagée par Jean-Marie Angelini qui souhaite "pouvoir continuer à travailler au cas par cas".