Agnès : la direction du lycée Cévenol se défend

Au lycée, on s'interroge sur les défaillances de l'établissement et de la justice qui ont pu aboutir au meurtre de la petite Agnès.
Au lycée, on s'interroge sur les défaillances de l'établissement et de la justice qui ont pu aboutir au meurtre de la petite Agnès. © MAX PPP
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La direction répond aux accusations de laxisme. Même si, sur le fond, les versions diffèrent.

L'établissement scolaire du Chambon-sur-Lignon est-il trop "laxiste" avec ses élèves et a-t-il manqué à ses devoirs dans le suivi de l'élève soupçonné d'avoir violé et tué Agnès ? L'accusation est portée par la mère de la victime ainsi que par certains des parents d'élèves. Dans ce collège-lycée réputé pour sa "liberté", ils pointent le manque de suivi des élèves en difficulté. Le collège-lycée Cévenol se défend, de son côté, de tout laxisme. Même si en interne, les versions diffèrent.

Jean-Michel Hieaux, le vice-président du conseil d'administration du collège Cévenol du Chambon-sur-Lignon a réaffirmé, lundi matin sur Europe 1, que l'établissement "n'était pas au courant" de l'enquête pour viol sur le lycéen présumé coupable du meurtre d'Agnès. Et il a répliqué aux accusations : " On suit nos élèves. Alors bien sûr, on est sur un parc de 15 hectares. Il y a des libertés parce que les élèves ne sont pas en prison mais il y a un système de suivi de chacun des élèves qui pourrait être en difficulté qui fait qu'à chaque moment on sait ce qui se passe. "

Pour un "secret partagé"

Jean-Michel Hieaux a plaidé pour davantage de transparence entre la justice et le milieu scolaire. "Il faut qu'il y ait un secret partagé, c'est-à-dire que le magistrat du siège puisse parler au chef d'établissement pour lui expliquer en toute confidentialité ce qu'il s'est passé", car selon lui, "on n'a pas le droit de demander pourquoi il a fait de la prison. Il n'y a pas de double-peine. Quand un élève a commis un délit, le chef d'établissement n'a pas à demander pourquoi". Selon Jean-Michel Hieaux, un chef d'établissement ne peut pas porter atteinte à "la liberté de l'élève. Ça peut être dramatique dans ce cas-là mais ça permet à l'élève de se reconstruire".

Une version légèrement différente a été apportée lundi à la mi-journée par Albert Munoz, un professeur de ce même collège Cévenol. "On est au courant d'un certain nombre de choses", a-t-il reconnu au micro d'Europe 1, tout en affirmant ne pas tout savoir. Un manque d'informations qu'il a regretté. Selon lui, certains agissements du lycéen suspecté auraient pu prendre une toute autre signification si l'équipe pédagogique avait été mise au courant de son passé. "Il y a eu des signes avant-coureurs, qui à la lecture des événements actuels, auraient été des indices si nous avions su un certain nombre de choses", a dit Albert Munoz.

Des "comportements inadéquats"

Le lycéen aurait ainsi eu plusieurs fois des "comportements inadéquats", rapporte 20minutes.fr avec des jeunes filles de l’établissement. "Ce n’était pas une tentative de viol", explique Anne-Sylvie Debard, responsable des parents d’élèves au site Internet. "Mais c’était des comportements assez forts, assez violents avec les filles dans le cadre de l’internat." Le meurtrier présumé n’était pas le seul à avoir été sanctionné, selon elle. Plusieurs autres adolescents ont été convoqués, et certains ont été renvoyés de l’établissement. Mais pas le meurtrier présumé, réintégré à la rentrée de septembre.

"La vie continue pour tout le monde"

Lundi matin, les cours ont repris au collège-lycée Cévenol. Et pour le directeur de l'établissement, Philippe Bauwens, il s'agit de reprendre une vie normale. Et vite. "On va faire un point, c'est important, mais c'est une rentrée des classes" classique, a-t-il insisté sur Europe 1. "On ne va pas faire une rentrée pour larmoyer toute la journée sur Agnès. Les élèves et les familles attendent qu'on fasse correctement notre boulot", a-t-il justifié. "La vie continue pour tout le monde dans l'établissement", a conclu Philippe Bauwens.