Abdelhakim Dekhar invoque son droit au silence

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La rédaction d'Europe1.fr avec le service police-justice d'Europe 1 et agences , modifié à
RETOUR SUR - Une journée de garde à vue pour "tentative d'assassinat". Ses motivations restent floues.

#L'ESSENTIEL

- Le tireur de Libération a été interpellé et confondu par son ADN mercredi soir.

- Il est connu de la justice : Abdelhakim Dekhar avait été condamné dans l'affaire Florence Rey-Audry Maupin en 1994.

- Il a laissé une lettre pour s'expliquer, mais le courrier semble très confus.

- Son état de santé s'est amélioré, a été placé en garde à vue pour "tentatives d'assassinat" et "enlèvement et séquestration".

- Il est entendu à l'hôpital de l'Hôtel Dieu depuis jeudi soir. Il invoque son droit au silence.

>> Ce minute par minute est terminée. Merci de nous avoir suivis

Entendu depuis jeudi 19 heures, le suspect préfère ne rien dire. C'est ce que confirme son avocat, Me Rémi Lorrain, dans un communiqué publié jeudi soir. "Lors de ses auditions, n'ayant pas accès à son dossier, mon client a préféré, pour le moment, faire valoir son droit au silence en ce qui concerne les faits", a fait savoir l'avocat. La garde à vue devrait probablement se terminer vendredi à 19 heures.

22h00 : Que sait-on sur sa vie en Grande-Bretagne ? Quand il sort de prison en 1998, Abdelhakim Dekhar n'a pas d'autre choix que de quitter la France, pour se faire oublier. Il faut dire que pendant le procès, il a prétendu avoir infiltré la mouvance d’extrême gauche, pour le compte des services secrets algériens. Il a aussi livré aux policiers les noms de plusieurs activistes. Alors avec son étiquette de balance, il doit donc se faire discret et part en Grande-Bretagne. C'est visiblement là qu'il a vécu ces 15 dernières années, sans renouer avec sa famille, alors qu'une de ses sœurs vit pourtant elle aussi outre-Manche. C'est là-bas qu'Abdelhakim Dekhar se marie deux fois, notamment, en 2000, avec une étudiante. Selon nos informations, il a eu plusieurs enfants.

21h45 : Quels sont les élément de l'affaire qui interpellent les enquêteurs ? Plusieurs questions taraudent les enquêteurs. Ils cherchent notamment à savoir où le suspect a-t-il laissé son arme et ses vêtements ? Les policiers souhaitent également l'entendre sur ses motivations. Dans une lettre de deux pages, dactylographiée et avec la mention "automne 2013", Dekhar s'en prend de manière assez confuse aux médias, au capitalisme, à la gestion des banlieues. Les enquêteurs voudraient déjà savoir si le suspect reconnaît ce dont on le soupçonne, voire s'il l'assume.

21h30 : "Ce n'est pas le personnage dont je me souviens". Me Constant, l'avocat d'Abdelhakim Dekhar à l'époque de l'affaire Rey-Maupin, se dit surpris par la violence des actes dont est suspecté l'individu. "Ce qui m'étonne, c'est que le personnage qu'on me décrit, qui aurait eu un acte de violence pensé, ce n'est pas le personnage dont je me souviens. Les psychologues avaient dit qu'il pouvait faire de la fabulation, qu'il était capable de mythomanie, mais, ils ne faisaient pas état d'un homme qui représentait une dangerosité violente", commente-t-il au micro d'Europe 1.

Regardez un extrait de l'émission Faites entrer l'accusé sur le profil suspect d'Abdelhakim Dekhar dans l'affaire Rey-Maupin :

21h00 : Abdelhakim Dekhar "un affabulateur et un mythomane". Interrogée sur Europe 1, Evelyne Lesieur, l'avocate générale dans l'affaire Rey-Maupin se souvient d'un homme "affabulateur et mythomane". En 1998, Abdelhakim Dekhar avait été condamné à quatre ans de prison pour avoir acheté le fusil à pompe qui avait servi à Florence Rey et Audry Maupin dans leur équipée sanglante en 1994. Dans cette affaire, Abdelhakim Dekhar a toujours assuré qu'il ne connaissait pas les deux individus.

"Il niait tout : 'je ne les connais pas, je ne les ai jamais vu', assurait-il. Alors que l'ensemble des témoins disaient qu'il ne quittait pas d'une semelle de Florence Rey et de Maupin. Lors du procès en assises, c'est quelqu'un qui ne faisait aucun effet sur personne. Premièrement, j'ai remarqué qu'il ne pouvait pas regarder quelqu'un en face. Sa position, son système de défense et cette façon de fuir, étaient très étranges".

Evelyne Lesieur assure également que Abdelhakim Dekhar n'a rien du profil du malade. "A l'époque, les rapports des médecins n'ont décelé aucune anomalie mentale qui pouvaient altérer son discernement. J'avais pour ma part constaté que c'était un affabulateur et un mythomane. J'en veux pour preuve que, son propre père, avait dit : 'il n'est pas méchant, mais il raconte n'importe quoi, il ne faut pas l'écouter'", se souvient-elle. L'ancienne avocate générale évoque également l'engagement à l'ultra-gauche du suspect. "Il avait des idées révolutionnaires, très portées à gauche. Il fallait détruire ceci et cela. Le problème des banlieues lui posait beaucoup de problèmes. C'était la contestation pour la contestation", estime-t-elle.

Écoutez son témoignage sur BFMTV :

20h00 : "Présumé coupable", pas de polémique selon Valls. Interrogé sur i-Télé, le ministre de l'Intérieur a refusé toute polémique liée à son emploi de l'expression "présumé coupable" envers Abdelhakim Dekhar. "Je sais qu'on aime polémiquer sur les mots. J'assume mes propos : saluons l'exceptionnel travail de la police et de la gendarmerie", a-t-il réagi sur i-Télé.

19h00 : La garde à vue de Dekhar prolongée de 24 heures. La garde à vue du suspect a été prolongée jeudi de 24 heures. Cette décision était attendue. La garde à vue du tireur présumé, qui avait débuté mercredi soir peu après 19 heures, peut durer en tout jusqu'à 48 heures. Il est entendu dans une salle médicalisée de l'hôpital de l’Hôtel Dieu en raison de son état de santé fragile. Abdelhakim Dekhar pourrait à terme être déféré et présenté à un juge d'instruction en vue d'une possible mise en examen.

Selon les informations d'Europe 1, le suspect a été transféré à l'hôpital, après avoir fait un bref passage au 36 quai des Orfèvres, où il a été brièvement entendu. Il pourrait être entendu à l'hôpital, dans un salle "cusco", qui permet des auditions sous assistance médicale.

18h00 : Le suspect a une sœur vivant outre-Manche. Alors que le procureur de Paris a révélé jeudi matin qu'Abdelhakim Dekhar avait vécu à Londres, on apprend que sa sœur vit elle aussi au Royaume-Unis. Habitante de Shenfield, dans l'Essex, elle a été interrogée par Evening Standard. Elle dit ne rien savoir sur le parcours de son frère. "J'ai arrêté de lui parler il y a vingt ans. Il ne fait plus partie de ma vie et ça ne changera pas", insiste-elle. Le Telegraph révèle pour sa part que l'homme s'est marié outre-Manche à une étudiante, en 2000.

L'homme soupçonné d'être le tireur de Paris, a été placé en garde à vue, mercredi 20 novembre, pour "tentatives d'assassinat" et pour "enlèvement et séquestration".

Un journaliste d'Itélé confirme l'audition du suspect au 36 quai des Orfèvres :

17h00 : Comment le FN s'approprie l'affaire du tireur parisien ?Bruno Gollnisch a regretté jeudi sur Twitter que les enquêteurs se soient trompés sur le profil du tireur parisien, présenté comme un homme "de type européen", au moment de la diffusion des images des caméras de vidéosurveillances.

L'eurodéputé Front national a également au passage dénoncé le manque de suivi judiciaire des anciens condamnés.

La suppression du droit du sol est en effet l'un des éléments clés du programme du Front national. Le parti réclame également l'alourdissement des conditions de naturalisation et l'interdiction de la double nationalité, rappelle Le Lab. Né en septembre 1965 dans une famille algérienne de 13 enfants installée en Lorraine, Abdelhakim Dekhar a justement la double nationalité.

De son côté Louis Aliot déplore sur Twitter le silence des médias sur les liens d'Abdelhakim Dekhar avec l'ultra-gauche. C'est en effet dans le milieu "autonome" que le tireur parisien avait rencontré le couple Rey-Maupin, en 1994.

16h00 : Pourquoi la fiche Wikipédia de l'affaire Rey-Maupin a connu un pic dès lundi ? Cette question a été posée par la directrice des programmes Wikimédia France, jeudi, sur Twitter. "La police se doutait-elle ? Hausse brutale de vues de l'article Wikipédia sur l'affaire Rey lundi", écrit-elle sur le réseau social.

Selon Slate, cette hausse importante des fréquentations (590 consultations en une journée, contre quelques dizaines d'habitude) n'est pas liée au fait que les policiers avaient fait le lien entre les deux affaires. Ce sont en réalité les internautes et les journalistes qui ont tenté de rechercher les précédentes affaires comprenant des coups de feu, une prise d'otage et une cavale en plein Paris. Au fil de leurs recherches, ils sont donc "tombés" sur l'affaire Rey-Maupin, qui présentait des points communs avec celle du "tireur parisien". La cavale dans l'affaire Rey-Maupin, qui remonte à plus de 20 ans, avait en effet "frappé les esprits, et pas seulement ceux des journalistes", écrit Slate.

Hausse des fréquentations sur la page Wikipédia de l'affaire Ray-Maupin :

Hausse fréquentation page Wikipédia affaire Rey-Maupin

© capture Wikipédia

15h00 : Abdelhakim Dekhar, un homme proche de l'ultra-gauche. Secret, énigmatique et affabulateur, Abdelhakim Dekhar, 48 ans, était au-début des années 90 un habitué des squats fréquentés par la gauche radicale, souvent sous étroite surveillance policière.

13h00 : Le rédacteur en chef de BFM "au mauvais endroit au mauvais moment". Philippe Antoine, rédacteur en chef de BFMTV, ne voit "aucun lien" possible entre son travail de journaliste sur l'affaire de la fusillade de la place de la Nation en 1994 et le fait qu'il ait été mis en joue vendredi matin dans le hall de la chaîne par Abdelhakim Dekhar. "Forcément hier quand j'ai vu son nom, ça m'a fait bizarre. Mais franchement pour moi il est impossible qu'il y ait le moindre lien. J'étais sans doute au mauvais endroit au mauvais moment et j'ai eu beaucoup de chance vendredi", a-t-il assuré.

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"J'étais reporter à RTL et j'ai été envoyé sur place le soir de la fusillade, place de la Nation (...). On avait fait des interviews de témoins de la fusillade, de syndicats de policiers sur place extrêmement émus par la mort de leurs collègues et de Charles Pasqua (alors ministre de l'Intérieur)", a raconté Philippe Antoine. "Le lendemain j'étais allé à Nanterre travailler sur le squat dans lequel habitaient Audry Maupin et Florence Rey pour chercher des éléments sur leurs personnalités, sur elle surtout, et c'est tout. Je n'ai pas du tout couvert le procès quatre ans plus tard, et le nom de Dekhar n'est apparu que longtemps après", a-t-il ajouté. "C'est vraiment une coïncidence", a répété Philippe Antoine.

Écoutez Philippe Antoine interrogé peu de temps avec l'intrusion du tireur parisien à BFMTV :

Témoignage de Philippe Antoinepar Europe1fr

12h15 : Dekhar, "le complot fasciste" et "le système capitaliste". Outre la lettre d'instruction pour son enterrement retrouvée à ses côtés dans la voiture, les enquêteurs sont également en possession d'une lettre qui leur a été remise par l'homme qui hébergeait Dekhar. Dans ce courrier, le suspect évoque pêle-mêle "un complot fasciste", "le capitalisme", "la gestion des banlieues" qui s'apparente selon lui "à une entreprise de déshumanisation portant sur des populations dont le grand capital ne veut pas" et accuse les médias de participer à la "manipulation des masses" avec des "journalistes payés pour faire avaler aux citoyens les mensonges à la petite cuillère", a indiqué le procureur de la République de Paris, François Molins. Le courrier se termine par la citation d'un extrait du Chant des partisans, "avec les corbeaux noirs sur nos plaines", a précisé le magistrat.

Les psychiatres qui avaient examiné Dekhar en 1998, au moment du procès de l'affaire Maupin-Rey, avaient relevé "un discours riche et fleuri" et noté des "tendances affabulatoires", a détaillé François Molins.

Ecoutez les déclarations du procureur de la République de Paris :

Le procureur François Molins raconte l...par SIPAMEDIA

12h05 : Dekhar était "en vacances" à Paris. L'homme de 32 ans, qui hébergeait Abdelhakim Dekhar et qui l'a dénoncé aux policiers, l'avait "rencontré à Londres il y a 13 ans", a expliqué le procureur de la République de Paris, François Molins. "Dekhar travaillait dans un restaurant", a-t-il précisé. Le témoin avait déjà accueilli Dekhar à plusieurs reprises chez lui. Cet été, le suspect s'était installé chez lui pour des vacances d'un mois. Mais il n'était finalement pas reparti. Il est en fait resté chez son ami jusqu'au 10 novembre. L'hébergeur part au même moment à l'étranger, d'où il est rentré le 18 novembre, jour de l'attaque à Libération. Le lendemain, il découvre les photos du suspect diffusée par les enquêteurs et reconnaît son ami. Mais Dekhar n'a pas de téléphone portable et son ami n'a donc aucun moyen de le joindre.

"Dans la nuit de mardi à mercredi, vers 1h30 du matin, l'hébergeur a vu Abdelhakim Dekhar dans le hall de son immeuble. Il lui a dit qu'il l'avait reconnu à la télévision et qu'il ne souhaitait plus l'accueillir chez lui", a ensuite détaillé le procureur. Dekhar lui aurait alors avoué être l'auteur des coups de feu à Libération et confié son intention de se suicider. L'hébergeur n'ira le dénoncer que plusieurs heures après.

François Molins, procureur de la république de Paris

© Max PPP

Abdelhakim Dekhar avait été placé en garde à vue différée, dès mercredi soir, pour "tentatives d'assassinat", pour les faits commis à BFMTV, à Libération et devant la Société Générale, ainsi que pour "enlèvement et séquestration" pour la prise d'otage, a précisé jeudi le procureur de la République de Paris, François Molins. Son état de santé s'étant amélioré, le suspect va désormais pouvoir être interrogé par les enquêteurs. "Ses droits sont en cours de notifications", a-t-il précisé.

10h15 : L'enquête continue après l'arrestation. Le tireur interpellé, les enquêteurs de la brigade criminelle de la PJ de Paris n'ont pour autant pas refermé le dossier. Ils continuent à visionner les images de vidéosurveillance. Ils espèrent ainsi repérer d'autres déplacements du suspect dans les jours qui précèdent l'intrusion à BFMTV et les tirs chez Libé à Paris ou en banlieue. L'objectif est notamment de découvrir si Dekhar avait une planque.

nouvelle photo du tireur suspect 930620

9h45 : Les instructions de Dekhar pour son enterrement. Selon les informations d'Europe 1, les policiers ont en fait retrouvé les courriers de Dekhar dans l'appartement où il était hébergé à Courbevoie. Une lettre notamment intéresse les enquêteurs puisqu'elle semble donner "un vague début d'explication". Mais les écrits de Dekhar sont très confus, un enquêteur parle de "charabia, plutôt délirant". Il évoque "la Syrie, la Libye, la situation dans le monde arabe" mais sans que cela ressemble à une revendication ou une explication politique. Mais le suspect parle également de sa mort et de son enterrement. Il donne notamment des instructions très strictes pour qu'on ne touche pas à son corps, refusant ainsi tout prélèvement d'organe.

9h30 : Ayrault "adresse ses félicitations à la police". Le Premier ministre a appris "hier soir avec satisfaction l'arrestation de l'auteur présumé des tirs et menaces de tirs avec une arme à feu dans plusieurs lieux de la capitale, et dont a été notamment victime un assistant photographe du journal Libération", selon un communiqué de Matignon. "Il adresse toutes ses félicitations aux personnels de police et aux magistrats qui se sont mobilisés sans relâche depuis lundi pour permettre son interpellation" et "réaffirme son soutien à l'ensemble des victimes de ce drame".

9h15 : Hollande salue "l'efficacité de la police". "Le président de la République tient à saluer l'efficacité des services de police et de justice qui ont travaillé sans relâche pour l'arrestation de l'auteur présumé des agressions perpétrées à BFMTV et au journal Libération", annonce un communiqué de l'Elysée jeudi matin. "Le déploiement et la mobilisation des moyens, humains et techniques, de l'Etat ont permis d'éviter que le pire ne se reproduise. Le professionnalisme des fonctionnaires concernés est une nouvelle fois démontré", conclut le communiqué.

9h00 : Le photographe va mieux. Nicolas Demorand, le directeur de la publication de Libération, a donné jeudi matin des nouvelles rassurantes de César, l'assistant photographe grièvement blessé lundi matin. "Je pense à César (l'assistant-photographe blessé, ndlr) et à sa famille. Je suis très soulagé aussi par rapport à eux. César, je l'ai vu, je lui ai parlé, il va bien. C'est un garçon qui est définitivement maintenant du côté de la vie", a-t-il indiqué. Quant à l'arrestation du suspect, "c'est un soulagement immense qu'un homme extrêmement dangereux ne soit plus en circulation dans les rues de Paris. Sur le plan de la sécurité collective, c'est une très bonne chose", a-t-il estimé.

Nicolas Demorand devant Libération le 18 novembre

© Max PPP

8h45 : Les policiers déjà aux basques du suspect. Avant le témoignage clé qui a permis l'arrestation d'Abdelhakim Dekhar, les enquêteurs étaient déjà sur les traces du suspect. Grâce aux images de vidéosurveillances, les policiers avaient réussi à le pister jusqu'à Courbevoie, commune voisine de Bois-Colombe où Dekhar a été interpellé, a indiqué Manuel Valls jeudi matin sur RTL. Le ministre de l'Intérieur a par ailleurs indiqué que les enquêteurs avaient analysé par plus de 1,2 millions de données de téléphonie mobile pour tenter de le localiser.

8h00 : Une lettre confuse. Les enquêteurs ont retrouvé une lettre à côté d'Abdelhakim Dekhar, dans la voiture. Un courrier "très confus", selon les informations d'Europe 1. Le suspect évoque "dans ce texte la Libye, la Syrie, et plus généralement la situation actuelle dans le monde arabe", assure BFMTV. "Il semblerait qu'il y ait un ou des courriers. C'est à la justice de donner progressivement tous ces éléments, pour non seulement comprendre ce qui s'est passé mais surtout connaître les motivations de cet individu", a confirmé Manuel Valls un peu plus tard sur RTL.

Manuel Valls sur RTL :

7h30 : "Je n'ai jamais très bien su qui il était". Me Emmanuelle Hauser-Phélizon a défendu Abdelhakim Dekhar entre 1994 et 1998 dans l'affaire Rey-Maupin. "Je l'ai vu deux fois par mois pendant quatre ans", se souvient-elle sur Europe 1, mais "je n'ai jamais très bien su qui il était". "Il se disait agent des services secrets, correspondant des services secrets algériens. Je n'ai jamais pu cerner le personnage. Il pouvait être très agressif, s'énerver. Mais je n'ai jamais mis ça sur le compte d'une violence personnelle. J'ai mis ça sur le fait qu'il n'arrivait pas à faire entendre sa vérité au juge d'instruction", poursuit l'avocate. "Moi je n'ai jamais cru qu'il était mythomane, le juge le pensait profondément. Mais à deux ou trois reprises, on a constaté que ce qu'il nous disait était vrai. Et c'était des trucs insensés."

Florence Rey le jour de son procès en 1998

© Max PPP

Depuis la libération de son client en 1998, Me Hauser-Phélizon ne l'a jamais revu. "Une fois, j'ai eu de ses nouvelles, mais pas par lui, par un journaliste qui l'avait rencontré en Angleterre. Il ne cessait de jouer les agents doubles, en donnant des rendez-vous mais n'y allant pas. Il essayait de faire croire qu'il appartenait encore à des services ou qu'il était soupçonneux. Le journaliste avait beaucoup de mal à mettre la main dessus", assure-t-elle.

"Je me suis dit : 'il va se passer quelque chose'", l'avocat de Dekar en 1998  :

L'avocate d'Abdelhakim Dekhar: "Je n'ai pas...par BFMTV

Pour autant, l'avocate était persuadée qu'elle "le verrait réapparaître un jour ou l'autre dans un dossier terroriste islamiste. Mais je ne l'ai pas vu réapparaître. Je pensais qu'il s'était peut-être calmé et qu'il menait une vie paisible. Mais quelque par ça ne me surprend pas. Son attitude a toujours été étrange." "C'était un type très étrange qui par moment me semblait dangereux et à d'autres extrêmement intelligent, brillant et calme. Mais je me disais que comme c'est quelqu'un qui peut pencher d'un côté ou de l'autre, ce sera du côté de l'islam. Je n'avais pas pensé qu'il ferait un truc comme ça", conclut-elle.

7h15 : Pourquoi Dekhar n'était-il pas fiché ? La comparaison des traces ADN trouvées à Libération et sur la voiture de l'otage aux millions de profils du Fnaeg (le fichier national des empreintes génétiques) n'avait rien donné. Les enquêteurs comptaient pourtant sur ce fichier pour identifier le suspect s'il avait fait de la prison. Or Dekhar a bien été incarcéré pendant quatre ans, en détention préventive avant le procès de Florence Rey. Explication : le Fnaeg n'a été créé qu'en 1998 et c'est précisément cette année-là que Dekhar a été libéré. Son ADN n'a donc pas été fiché.

tireur fou suspect photo appel à temoin sur le quai du tramway

© POLICE JUDICIAIRE

6h45 : "Préserver sa vie". Pour le patron de la police judiciaire, Christian Flaesch, le plus important était d'arrêter le suspect en vie. "Le commissaire de Courbevoie nous a signalé qu'une personne s'était présentée pour dire qu'il avait des doutes et des inquiétudes sur une personne qu'il hébergeait de temps en temps. Nous pensions que le véhicule ou la personne elle-même pouvaient être piégés. Il était dans un état de semi-inconscience et nous avons fait appel aux secours parce qu'avant tout il fallait préserver sa vie", a-t-il expliqué sur Europe 1.

6h30 : Le suspect "pas sur les fichiers" de la police. Abdelhakim Dekhar  "était probablement parti à l'étranger" depuis plusieurs années, après sa condamnation en 1998, et donc "il n'était pas sur les fichiers" de la police et de la justice, a indiqué Manuel Valls dans la nuit. "Il va falloir connaître le parcours de cet individu" pour ensuite "connaître toutes (ses) motivations", a-t-il ajouté.

6h15 : "Le souvenir d'un mec complètement déjanté". Patricia Tourancheau, journaliste à Libération, avait couvert le procès Rey-Maupin pour le quotidien. Elle se souvient d'Abdelhakim Dekhar. "J'en garde le souvenir d'un mec complètement déjanté, à moitié mythomane par ailleurs. Il prétendait être agent des services secrets algériens, ou de la DGSE, plus ou moins infiltré auprès de gens d'extrême-gauche ou de groupuscules dont faisaient partie Audry Maupin et Florence Rey. Il était suspecté d'avoir fourni une arme à Rey. Lui niait être le troisième homme et il n'y avait pas beaucoup de preuves. Il a pris quatre ans de prison pour association de malfaiteurs", se souvient la journaliste sur Europe 1. Alors que le suspect s'en est pris à Libération lundi, la journaliste dit ne pas s'être senti visée. "Le retrouver aujourd'hui, à la fois c'est hallucinant et à la fois c'est pas tellement étonnant. A l'époque, je n'étais pas la seule à parler de lui. Tout le monde enquêtait sur lui parce que la police judiciaire et la justice le mettaient en cause. Nous on avait rien contre lui en particulier. Pas moi plus que d'autres", confie-t-elle.

Ecoutez Patricia Tourancheau :

6h10 : Qui est le suspect ? Abdelhakim Dekhar n'est pas un inconnu pour les forces de l'ordre. Surnommé Toumi à l'époque, il avait été condamné à 4 ans de prison dans l'affaire Rey-Maupin. Ce jeune couple avait semé la terreur dans l'Est de Paris en 1994. Trois policiers, un chauffeur de taxi avaient été tués. Le suspect avait à l'époque été condamné pour avoir fourni l'une des armes.

6h05 : Manuel Valls félicite les enquêteurs. "Ce résultat, c'est le résultat formidable de la police. Ce sont des policiers à qui j'ai voulu rendre hommage pour le professionnalisme et la rapidité avec lesquels ils ont agi", a réagi dans la nuit Manuel Valls, aussitôt après la confirmation des analyses ADN. "Il y avait beaucoup de crainte, d'abord qu'il puisse de nouveau agir et puis qu'il mette fin à ses jours ou que le véhicule ou que son appartement soit piégé. Tout semble montrer qu'il a tenté de se suicider, en tout cas il ne s'est pas suicidé et c'est important pour connaître sa motivation, pour comprendre pourquoi il a voulu s'en prendre à BFM, à Libération. C'est important qu'il puisse répondre de ses actes", a ajouté le ministre de l'Intérieur. "Tous les faits aujourd'hui démontrent son implication", a conclu Manuel Valls.

Écoutez les propos de Manuel Valls :

Manuel Valls s'exprime après l'arrestation du...par BFMTV

6h00 : Reconnu par un proche et arrêté dans un parking. Le suspect a été arrêté grâce à un témoignage essentiel. Mercredi vers 18h, un témoin se présente au commissariat de Courbevoie, dans les Hauts-de-Seine. Il dit connaître le suspect et même l'avoir hébergé durant quelques jours au cours desquels l'homme lui a confié "avoir fait une connerie". Il indique alors à quel endroit se trouve le suspect : il est dans une voiture, garée au 1er sous-sol d'un parking public à Bois-Colombes, la ville voisine. Les policiers de la brigade criminelle se rendent aussitôt sur place, épaulés par la BRI, les hommes de l'antigang. Ils interpellent le suspect sans rencontrer de résistance, et pour cause : l'homme a pris des médicaments, il est à moitié inconscient. La voiture est ensuite emmenée pour être fouillée. Le suspect a, lui, passé la nuit à l'hôpital, surveillé par les policiers. Il est en garde à vue mais pas encore en état d'être interrogé.

Le parking où a été arrêté le suspect à Bois-Colombes

© Capture d'acran Google Street View

Dès l'arrestation les policiers de l'identité judiciaire ont effectué un prélèvement génétique pour faire une comparaison d'ADN. Le résultat est tombé peu avant 1 heure du matin : il s'agit bien du même ADN trouvé sur les douilles à Libération et sur la portière de la voiture du sexagénaire pris en otage.

egoubert