Une nouvelle ère pour la physique

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et agences , modifié à
Le Cern a réalisé à Genève les premières collisions de protons à une puissance inédite.

Le Centre européen de recherche nucléaire (Cern) a tenté mardi de recréer dans son accélérateur de particules LHC les conditions du Big Bang à l'origine de l'univers. Une expérience qui a consisté à faire entrer en collision des particules lancées à très grande vitesse. Cette expérience s'est déroulé dans le tunnel circulaire de 27 km du Cern, enfoui à 100 mètres sous terre entre la France et la Suisse, dans la banlieue de Genève.

Une expérience inédite

Deux faisceaux de protons d'une énergie de 3,5 téraélectronvolts (Tev) se sont heurtés peu après 11h GMT à une vitesse très proche de celle de la lumière (300.000 km par seconde) au sein du LHC. Cette opération est une première mondiale à cette puissance. Elle a réussi à la troisième tentative, après deux échecs dans la matinée, a indiqué Steve Myers, directeur du secteur des accélérateurs du Cern. Objectif : que de ces collisions jaillissent des particules élémentaires encore jamais observées. "

"Nous avons vu un véritable feu d'artifice, très différent de ce que nous avions vu avant", s'est réjoui Fabiola Gianotti, porte-parole du détecteur Atlas. "C'est le début d'une ère nouvelle", a renchéri Paola Catapano, scientifique et porte-parole du Cern. Toutefois, les physiciens auront besoin d'un très grand nombre de collisions avant de valider l'observation de particules encore jamais détectées. Des événements inattendus pourraient aussi être observés.

"Nous allons bientôt pouvoir répondre à certaines grandes énigmes de la physique moderne comme l'origine de la masse, la grande unification des forces et la présence abondante de matière noire dans l'univers", a assuré de son côté Guido Tonelli, porte-parole du détecteur CMS

A la recherche de la mystérieuse 25e particule.

Les chercheurs du Cern ambitionnent ainsi trouver la preuve de l'existence des particules éphémères comme le boson de Higgs, à l'origine de la notion de masse en physique théorique.

"L’enjeu est considérable", explique notre consultant Alain Cirou :

La détection des particules massives et éphémères pourrait aussi permettre de savoir de quoi est composée la matière noire qui représente 23% de notre univers, contre 4% seulement pour la matière visible qui constitue les étoiles et les planètes. Les 73% restants sont l'énergie noire, ou force d'expansion de l'univers.

Des craintes à la mesure de l’enjeu

Cette expérience tant attendue par les scientifiques est en revanche la source des plus grandes craintes parmi les sceptiques. Une Allemande qui craignait la fin du monde a ainsi tenté de paralyser les travaux du Cern par voie de justice. La justice lui a finalement donné tort.

Le collectif "Citizens Against the Large Hadron Collider" a exprimé les mêmes craintes : le LHC pourrait produire des trous noirs mangeurs de matière qui, s'ils s'échappaient du laboratoire, pourraient dévorer notre planète.

Le Cern s'est montré, lui, bien plus rassurant : "quelques théories de type spéculatif prédisent la production de trous noirs mais ces théories prévoient aussi qu'ils se désintégreraient aussitôt et resteraient sans effets".

Le test peut être suivi en direct sur la web-télé du Cern ou sur twitter.