Phoenix : le plan qui menace près de 2.000 emplois chez Sanofi

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Damien Brunon et Martial You , modifié à
EMPLOI - Alertés par un document de la direction du groupe, les syndicats en appellent au gouvernement pour protéger les salariés en France

L’INFO. Phoenix, c’est le nom d’un animal mythologique qui renaît de ses cendres, mais c’est aussi le nom de code d’un projet secret que redoutent les syndicats du groupe Sanofi. Le plan prévoit la vente d’un portefeuille de 200 médicaments par le groupe pharmaceutique. Problème : avec cette transaction, les syndicats craignent que 2.600 emplois soient en danger. Europe 1 s’est procuré le document qui atteste de l’existence de ce projet.

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Quatre usines françaises menacées. Concrètement, Sanofi souhaite céder les autorisations de mise sur le marché dont il dispose sur un portefeuille d’environ 200 médicaments. La raison : après un temps d’exploitation exclusif, ces produits sont désormais tombés dans le domaine public et peuvent donc être produits par la concurrence sous la forme de génériques.

Dans le lot, on trouve des “best-sellers” de Sanofi comme par exemple le Plavix, l’un des médicaments les plus vendus contre les troubles vasculaires cérébraux. Ces 200 médicaments sont essentiellement fabriqués en France à Compiègne dans l’Oise, Marly-la-Ville dans le Val-d’Oise, Quétigny en Côte-d’Or et Amilly dans le Loiret.

Presque 1.900 emplois en France. Avec les médicaments, les usines pourraient donc elles aussi être vendues. Le tout fait planer le risque d’une énorme casse sociale dans l’entreprise. Selon le plan, 2.600 emplois sont ciblés en Europe dont 1.860 en France, “sans compter les milliers d’emplois indirects”, s’inquiète Thierry Bodin, coordinateur CGT dans le groupe Sanofi-Aventis. “Comme le dit très clairement ce document, il y a une volonté de la direction de se désinvestir industriellement de l’Europe et plus particulièrement de la France”, ajoute le syndicaliste.

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Le gouvernement appelé à la rescousse. Et alors que le ministre de l’Economie, Arnaud Montebourg, a reçu le patron de Sanofi le 30 juin dernier, les syndicats font maintenant appel directement au gouvernement. “On vient de remettre le document qui atteste de l’existence du plan Phoenix au cabinet d’Arnaud Montebourg. Pour l’instant, on a pas de retour. Il faut qu’il dise stop”, réclame Thierry Bodin.

“En tout état de cause, il est hors de question qu’on perde encore des emplois alors que la direction du groupe a déjà supprimé 4.700 emplois en France en cinq ans. Ça suffit ! C’est un groupe qui est très rentable avec plus de six milliards d’euros de résultat net, le troisième le plus bénéficiaire du CAC40”, précise le syndicaliste.

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Sanofi reste stoïque. Du côté de la direction de l’entreprise, on assure qu'aucune décision n'a encore été prise même si l'on reconnaît l'existence de ce document Phoenix et des réflexions en cours. Le plan ne sera pas mis en oeuvre avant 2015 quoi qu'il arrive, promet Sanofi.