Viande de cheval : qui a fait quoi ?

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Sophie Amsili , modifié à
Passage en revue des différents acteurs impliqués dans la fraude et de leur responsabilité supposée.

Depuis que le scandale des lasagnes supposément au bœuf mais contenant de la viande au cheval a éclaté, tous les acteurs de l'affaire se renvoient la balle. Vendredi n'a pas fait exception. Dans cette "architecture commerciale complexe", dixit le ministre délégué à la Consommation Benoît Hamon, les responsabilités de chaque acteur sont encore floues mais l'enquête administrative menée par la direction de la répression des fraudes a permis de resserrer l'étau autour de quelques suspects. Europe1.fr fait le point.

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L'Etat met en cause Spanghero. L'enquête a pointé du doigt comme seul responsable le groupe agroalimentaire Spanghero. "Le premier acteur de cette filière à estampiller 'bœuf' de la viande de cheval provenant de Roumanie est bien Spanghero", a accusé Benoît Hamon lors de la présentation des résultats de l'enquête. Invité sur Europe 1 vendredi matin, le ministre a précisé qu'il "ne [lui] revien[t] pas de dire qui est coupable" mais qu"'il y a[vait] suffisamment de faits pour qu'a minima on ait commis de très grosses négligences" chez Spanghero. Le groupe implanté à Castelnaudary, dans l'Aude, s'est ainsi vu retirer son agrément sanitaire, mettant à l'arrêt sa production pendant huit jours. "Une mesure juste et proportionnée", a fait valoir le ministère de l'Agriculture vendredi.

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Mais ce dernier nie toute responsabilité. Mais le groupe agroalimentaire est aussitôt monté au créneau : "la magouille, elle vient d'ailleurs", a assuré Barthélémy Aguerre, PDG du groupe, sur Europe 1. "Nous recevons du bœuf et nous revendons du bœuf, sans le toucher, en passant par nos entrepôts. (…) Nous n'avons pas changé les étiquettes." La société accuse même le gouvernement de "condamner à mort les 300 salariés et leurs familles" en lui retirant son agrément. Seule négligence reconnue : elle a modifié la mention de l'origine de la viande. "Nous avons mis UE, au lieu de UE-Roumanie. (…) On peut nous le reprocher", a admis Barthélémy Aguerre.

Doutes sur le trader néerlandais. Si Spanghero est le principal accusé, tous les autres maillons de ce circuit complexe ne sont pas pour autant mis hors de cause, à commencer par le trader néerlandais. C'est lui qui a passé commande auprès des abattoirs roumains. "Est-ce qu'il y a une responsabilité, un lien, une complicité [de Spanghero] avec le trader néerlandais ?", s'est interrogé Benoît Hamon. "Je n'en sais rien à cette étape, cela dépendra des investigations des autorités néerlandaises."

Comigel n'est pas dédouané. Les soupçons ne sont pas levés sur l'autre société française en cause, Comigel. Celle-ci fabrique des plats préparés via sa filiale luxembourgeoise Tavola. Depuis le début du scandale, elle se dit victime de Spanghero qui lui a fourni de la viande de cheval au lieu du bœuf. Mais pour Benoît Hamon, Comigel aurait dû se méfier : les étiquettes ne mentionnaient plus le pays d'origine, ni s'il s'agissait de cheval ou de bœuf. "Il y avait déjà là une anomalie qu'aurait dû relever Comigel", estime le ministre. De plus, la couleur et l'odeur de la viande chevaline diffère de celle du bœuf. Comigel réplique que la viande était cuisinée sans être décongelée. Enfin, le code douanier faisait référence à de la viande de cheval. Sur ce point, Comigel n'a pas souhaité s'exprimer.

L'abattoir roumain blanchi. L'abattoir de Roumanie qui a fourni la viande de cheval est en revanche mis hors de cause. "La Roumanie certifie à ce stade que la viande qui sortait de ses abattoirs était étiquetée 'cheval origine Roumanie'", a détaillé Benoît Hamon, ajoutant qu'il n'y avait "aucune raison de mettre cette déclaration en doute".