Un suicide tous les deux jours chez les agriculteurs

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Alexis Toulon avec AFP
LE CHIFFRE - Près de 500 suicides ont été enregistrés chez les agriculteurs en trois ans, selon l'INVS. 

Le monde agricole français est en deuil. En effet, outre la crise économique, de vocation et le vieillissement des exploitants, le suicide frappe durement ce secteur clef de l’activité économique du pays. L’Institut de veille sanitaire INVS), en association avec la Caisse centrale de la mutualité agricole (CCMSA), publie une étude sur la période 2007-2009 avec un chiffre alarmant : 485 personnes se sont donné la mort en seulement trois ans.

Un mort tous les deux jours. 485 agriculteurs se sont suicidés sur la période étudiée. En moyenne, c’est un agriculteur qui se donne la mort tous les deux jours.

Les agriculteurs se suicident plus que les agricultrices. Outre le côté très masculin du secteur, ce sont 417 hommes qui se sont suicidés contre 68 femmes.

Un taux anormalement élevé. L’INVS estime que le taux de suicide dans le secteur est 20% plus élevé que celui de la population générale française.

Les vieux se suicident plus que les jeunes."Les hommes âgés de 45 à 54 ans et ceux de 55 à 64 ans ont un risque de décéder par suicide respectivement de 31% et 47% plus élevé que la population générale", précise l'Institut.

Le secteur le plus suicidogène. Le taux de mortalité par suicide est de 32,5 pour 100.000 en 2007 et 35,9 pour 100.000 en 2009. En comparaison, il est de 24,7 pour 100.000 chez les salariés de tous les secteurs confondus et de 31,8 pour 100.000 chez les ouvriers.

La filière viande, première victime. L’alerte avait été donnée bien avant les derniers scandales dans la filière. Ainsi en 2008, le secteur bovin-lait représente environ 20% de la population étudiée et près de 25% des suicides enregistrés. Cette même année, l'élevage bovin a présenté la surmortalité par suicide "la plus élevée" comparé au reste de la population : 56% pour le lait et de 127% pour la viande.

Pourquoi autant de suicides ? Comment expliquer ces chiffres alarmants ? Dominique Barrau, secrétaire général de la Fédération nationale des exploitants agricoles (FNSEA) avance plusieurs raisons :"pression administrative très forte, pression économique forte, car on est depuis 20 ans sur le marché mondial avec des prix à la baisse, une chaîne alimentaire qui ne fait pas de cadeaux aux producteurs" et aussi "l'isolement".  L’étude, elle, met en cause la crise du monde agricole en général.