TGV : face à la grogne, une offre à prix cassés

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Thomas Morel et Mélanie Taravant , modifié à
L'entreprise a dévoilé un nouveau tarif pour les trajets courts et expliqué sa grille tarifaire.

Opération vérité pour le TGV. La SNCF, longtemps accusée de prendre ses clients pour des vaches à lait, a décidé mardi soir de lever le voile sur la façon dont elle établit sa grille tarifaire, afin que celle-ci soit mieux comprise des clients. L'occasion pour l'entreprise de tordre le cou à quelques idées reçues.

Un nouveau tarif à petits prix. A l'origine de cette clarification, la grogne généralisée, tant du côté des particuliers que des élus. Nombreux sont ceux qui critiquent la politique tarifaire de l'entreprise ainsi que la vétusté de certaines installations. A Lille, la maire Martine Aubry a ainsi pointé du doigt la décrépitude du TGV Nord. Le conseil régional du Nord-Pas-de-Calais a même attaqué la SNCF en justice pour dénoncer des prix jugés supérieurs à ceux des autres régions. Pour calmer ses détracteurs, la SNCF a donc pris deux décisions. D'une part, elle a annoncé un nouveau tarif à petit prix : 30 euros l'aller-retour TGV, à condition que le temps de parcours soit de moins de deux heures et que l'aller comme le retour aient lieu dans la même journée. Et d'autre part, elle a expliqué la façon dont étaient calculés ses prix.

Comment sont fixés les prix ? A la SNCF, les tarifs pratiqués sur l'ensemble du réseau reposent sur un barème kilométrique, fixé en accord avec l'Etat. Ce barème intègre un certain nombre de critères, parmi lesquels notamment le coût d'un kilomètre à bord d'un TER. A partir de cette base, l'entreprise établit le prix de ses billets TGV, en fonction de l'heure du départ (les prix sont plus élevés aux heures de pointe), de la distance (plus le trajet est court, plus le prix au kilomètre est élevé), etc.

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Pourquoi les prix ont-ils autant augmenté ? Depuis 2008, les prix du TGV ont connu des augmentations régulières assez importantes. Selon l'Association des voyageurs usagers des chemins de fer (Avuc), ils ont ainsi augmenté de 14 % en l'espace de cinq ans. Mais, selon le transporteur ferroviaire, cela s'explique avant tout par la hausse des "péages", c'est-à-dire les sommes versées à Réseau Ferré de France (RFF) pour faire circuler les trains. Longtemps sous-évalués, ces péages connaissent désormais un rattrapage important : depuis cinq ans, il a atteint en moyenne 7,5 % chaque année.

Parisiens et provinciaux à même enseigne. L'entreprise tient également à tordre le cou à quelques idées reçues. Non, les prix ne sont pas plus élevés pour les provinciaux que pour les Parisiens. Un Paris-Marseille et un Lyon-Lille, dont le temps de trajet est équivalent, coûtent le même prix, entre 90 et 110 euros. De même, les tarifs ne grimpent pas non plus lors des départs en vacances : pour le premier week-end des vacances d'hiver (1er au 3 mars), les prix constatés étaient en moyenne de 57 euros, contre 50 euros pour un week-end normal.

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600 tarifs sociaux différents. L'autre problème pour la SNCF, c'est que deux voyageurs assis côté à côté dans un TGV ont rarement le même prix. Selon la direction, à peine 17 % des billets seraient vendus au prix plein tarif, les autres bénéficiant d'un tarif préférentiel. Et c'est là que ça se complique. Car entre les billets Prem's, les cartes de réductions, les offres à prix réduits et les IDTGV, il est parfois difficile pour les voyageurs de trouver le meilleur prix.

A ce titre, la palme revient aux tarifs sociaux : l'entreprise en pratique près de 600 différents, selon les utilisateurs. Et si certains sont très utilisés, comme la carte famille nombreuse ou les réductions pour les étudiants, d'autres sont beaucoup plus anecdotiques, comme celui qui permet aux chasseurs de voyager moins cher le jour de la Saint-Hubert, leur saint patron.