Sous Hollande, l’Élysée se serre la ceinture

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Sophie Amsili , modifié à
La Cour des comptes salue les économies réalisées en 2012. Mais elle appelle à de nouveaux efforts.

Du mieux. L'Elysée a encore réduit son train de vie depuis l'arrivée de François Hollande, selon un rapport de la Cour des comptes remis lundi. Les sages de la rue Cambon comparent les dépenses du Palais de l'Elysée pendant l'année 2012, d'abord sous la présidence de Nicolas Sarkozy puis, à partir du 15 mai, sous celle de François Hollande. Bilan : en 2012, l’Élysée a dépensé 102,9 millions d'euros, soit 3% de moins qu'en 2011. Un solde positif de 5,4 millions d'euros a ainsi été dégagé par rapport au budget prévu.

>> Consulter le rapport sur le site de la Cour des comptes

LES ÉCONOMIES DÉJÀ RÉALISÉES

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Finis les sondages et les études. La présidence de Nicolas Sarkozy en était friande. Entre le 1er janvier et le 15 mai 2012, l’Élysée a dépensé 77.381 euros en sondages et 103.131 euros en études. Un budget tombé à zéro euro à l’Élysée depuis l'arrivée de François Hollande. Mais des études et sondages sont toujours commandés par le Service d'information du gouvernement (SIG) aux frais de Matignon.

Transports : du mieux. Sur ce poste de dépense important (14,3 millions d'euros en 2012, en baisse de 26% par rapport à 2011), la Cour des comptes salue des avancées et en note d'autres qui restent à faire. Ainsi, un avion dit "spare", un appareil vide qui pour des raisons de sécurité accompagne l'avion présidentiel, était systématiquement utilisé. Depuis l'arrivée de François Hollande, il n'a été utilisé que neuf fois pour 36 voyages. La Cour salue aussi l'utilisation du train pour aller à Bruxelles, une économie de 21.500 euros.

Moins de dépenses de personnel. 900.000 euros ont été économisés sur les dépenses de personnel à l’Élysée. L'effort était déjà en cours sous la présidence de Nicolas Sarkozy et a été amplifié depuis. Résultat, "en cinq ans, les effectifs de la présidence de la République ont été réduits de 18,3%". A cela s'ajoute la baisse du traitement de François Hollande (13.764 euros nets par mois) qui est en fait revenu à annuler la hausse décidée par son prédécesseur à 19.721 euros nets par mois.

Même l'arbre de Noël a été moins fastueux : donné dans la salle des fêtes de l’Élysée et non dans la salle d'un théâtre louée pour l'occasion, il a coûté 96.226 euros de moins que les années précédentes. Quant à l'achat de fleurs, un logiciel de gestion a permis de faire baisser leur coût de 44%.

Un self-service plus abordable. En 2009, le prix de revient d'un repas au self-service de l'administration coûtait quelque 20 euros, deux fois que la norme dans la restauration administrative. Il a été ramené à 10,25 euros l'année suivante.

Moins de voiture, moins d'essence. Les garages de l'Élysée se sont un peu vidés au cours de l'année 2012 : le nombre de véhicules est passé de 115 à 98 et certains modèles haut de gamme ont été remplacés par d'autres de petite cylindrée. Le kilomètre a, lui aussi, diminué de 23% par rapport à 2011 et la consommation de carburants de 27%.

Pas de site pour la première dame. En 2011 et en 2012, l’Élysée a dépensé respectivement 330.000 euros et 80.000 euros pour le site personnel de Carla Bruni-Sarkozy. La compagne de François Hollande, Valérie Trierweiler, se contente d'une rubrique à son nom sur le site de la présidence.

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CE QU'IL RESTE A RÉGLER

Mais tout n'est pas rose pour autant et d'autres avancées restent à accomplir, note la Cour des comptes.

Se remettre sur les rails. Si la Cour salue l'utilisation du train pour que le président se rende à Bruxelles, elle estime que l'habitude devrait être plus répandue. Elle le recommande notamment pour les déplacements à Berlin en lieu et place d'un vol en Falcon 7X. De même, pour les trajets en France, François Hollande s'est déplacé 14 fois en avion, 21 fois en voiture et une fois en TGV. "L'utilisation du TGV, largement médiatisée, est donc restée marginale pour les déplacements sur le territoire", regrette les auteurs du rapport.

De très chères heures supplémentaires. Parmi les problèmes cités dans le rapport, "des irrégularités" dans le calcul des heures supplémentaires sont à nouveau pointées du doigt. En 2011, les Sages avaient constaté que ces heures "étaient payées, à tort, aux agents en déplacement ainsi qu'aux militaires qui n'y avaient pas droit" et leur nombre était parfois "peu vraisemblable", atteignant 245 pour un même agent en un mois, explosant le plafond autorisé de 25 heures ! Au total, ces heures supplémentaires ont coûté quelque 1,94 million d'euros en 2011. La Cour suggère par exemple d'attribuer en remplacement des indemnités.

Un palais de l'Alma bien obscur. Autre reproche de la Cour : l'occupation du palais de l'Alma, dans le 7e arrondissement de la capitale. Cet ensemble d'une soixantaine d'appartements est destiné notamment à des collaborateurs du chef de l’État qui doivent simplement "déclarer la valeur – très inférieure aux prix du marché – au titre de l'impôt sur le revenu, en tant qu'avantage en nature". La Cour appelle à un "nouveau régime d'occupation" qui tienne compte des prix du marché et qui permette de "régler la situation de personnes dont le maintien dans les lieux ne se justifie plus", certaines y vivant depuis plus de trente ans.

La Cour dénonce aussi "l'opacité" du service de la restauration au Palais de l’Élysée. "Ni comptabilité des stocks ni contrôle du coût des prestations très diverses fournies par les cuisines" alors que les dépenses pour ce poste très gourmand montent à 5,5 millions d'euros par an.