SeaFrance : "on se pose des questions"

Les salariés de la compagnie maritime Seafrance attendent d'en savoir plus avant de se réjouir du soudain appui du gouvernement.
Les salariés de la compagnie maritime Seafrance attendent d'en savoir plus avant de se réjouir du soudain appui du gouvernement.
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avec Carole Ferry et Jessica Jouve , modifié à
REACTIONS - Le revirement de l’Elysée intrigue les employés. Les syndicats attendent du concret.

Rebondissement autour de la compagnie maritime Seafrance : l’Elysée a finalement décidé de soutenir la création d'une " Scop", une société coopérative ouvrière, pour sauver l’entreprise. Mais rien n’est acté et SeaFrance ne pourra être sauvé qu’au prix d’une injection d’argent frais. L’investissement proviendrait notamment des primes de licenciement, les salariés suivent donc avec attention les négociations.

Déjà interloqués par le revirement du gouvernement, les employés sont dans l'ensemble sceptiques. Les représentants syndicaux font preuve d’un peu plus d’optimisme mais attendent du concret.

"Il faut être sûr que le projet soit viable"

Salariées de SeaFrance, Caroline et Laurence se se sont habituées à voir les bateaux de l’entreprise rester à quai. A force d’entendre le ministre des Transports Thierry Mariani marteler que le projet de Scop s’apparentait à un "suicide collectif", elles s’étaient lentement résignées. Le soutien inattendu de l’Elysée les laisse donc dubitatives.

"Depuis un certain nombre de mois, on entend dire que ce projet n’est pas viable, qu’il n’est pas financé et aujourd’hui, comme par magie, il deviendrait tout à fait éligible. Donc on se pose beaucoup de questions", témoigne Caroline au micro d'Europe 1.

D’autant que les salariés devraient investir toutes leurs indemnités de liciencement pour relancer SeaFrance. "Si, effectivement, il faut réinjecter la totalité des primes de licenciement, il faut être sûr que le projet soit viable", met en garde Laurence, avant de conclure : "c’est une décision lourde de conséquences".

"Un montage juridique abracadabrantesque"

Côté syndicat, on veut croire au sauvetage. David Baré, délégué syndical CFDT chez SeaFrance, y voit "une bonne nouvelle". "Ils nous soutiennent peut-être un peu tard mais mieux vaut tard que jamais. Maintenant, on a envie d’avoir un papier écrit avec le projet de Scop bien établi et savoir si SeaFrance va reprendre ou pas", ajoute-t-il.

"Que l'Etat s'intéresse enfin au dossier SeaFrance, c'est une bonne chose. Mais la manière dont il s'y prend et les solutions qu'il propose sont mauvaises. C'est un montage juridique abracadabrantesque", a jugé l'avocat des salariés, Me Philippe Brun. Et ce dernier de demander l'intervention du FSI (fonds stratégique d'investissement), que le gouvernement se refuse à solliciter.

"Il va falloir regarder tous les aspects"

A l’échelon supérieur, on attend aussi de voir.  "Le montage qui est proposé, c’est que la SNCF, étant créancière de premier rang, va se proposer de racheter les navires pour les relouer à la Scop. Mais on passe obligatoirement par une liquidation, il va falloir regarder tous les aspects", estime Didier Capelle, secrétaire général de la CFDT Maritime Nord.

Réponse mardi au tribunal de commerce de Paris. A moins que ce dernier ne décide de laisser un peu plus temps aux négociateurs en mettant sa décision en délibéré.