Retraites : la recette de Vallaud-Belkacem

Le gouvernement, qui engage une réforme des retraites, n'envisage ni de demander aux salariés de travailler plus longtemps, ni de baisser les pensions, a déclaré lundi la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem.
Le gouvernement, qui engage une réforme des retraites, n'envisage ni de demander aux salariés de travailler plus longtemps, ni de baisser les pensions, a déclaré lundi la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem. © REUTERS
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La ministre évoque une réforme sans douleur et cite la CFDT... loin d'être aussi optimiste.

• La décla. "Ne sont à l'ordre du jour ni le fait de travailler plus longtemps, ni le fait de réduire les pensions, ni le fait d'augmenter les cotisations", a assuré lundi  Najat Vallaud-Belkacem, sur RMC et BFM-TV, évoquant la future réforme des retraites. Pourtant, le déficit du système devrait bel et bien atteindre 20 milliards d'euros à l'horizon 2020. Comment donc financer les futures pensions sans mettre à contribution ni les travailleurs, ni les contribuables, ni les retraités ?

"Il y a d'autres solutions aujourd'hui qui existent. Regardez par exemple les propositions que fait la CFDT. Je ne dis pas qu'on va forcément s'inscrire exactement dans ce scénario-là, mais il y a des systèmes par exemple de retraite à la carte, par points", a répondu la porte-parole du gouvernement. Un optimisme que ne partage pas le syndicat lui-même, qui reconnait que des efforts seront "inéluctables", quel que soit le système. Décryptage.

• C'est quoi déjà, un système de retraite par points ? Avec la retraite à points, le salarié accumule des points tout au long de sa carrière, calculés selon le montant des cotisations prélevées sur son salaire. Il touchera une retraite en fonction du nombre de points dont il dispose à la fin de l'année. Le salarié a ainsi une visibilité de ce qu'il cotise tout au long de sa carrière, et donc de ce qu'il gagnera s'il arrête. Il est dit "à la carte" car il est plus souple et plus personnalisé qu'aujourd'hui. Un salarié peut, par exemple, décidé de travailler beaucoup en étant jeune, et moins en fin de carrière. Il peut également choisir de partir en retraite quand il le souhaite, quitte à toucher moins de pension. Il peut, enfin, continuer de travailler aussi longtemps qu'il le souhaite, pour continuer à accumuler des points.

• La CFDT y est favorable… mais ne le revendique pas. "Dans la logique, nous sommes pour un système où le salarié peut choisir sa date de départ, le montant de sa retraite, et avoir une visibilité précise de ce qu'il cotise tout au long de sa vie", reconnaît Jean-Louis Malys, le "monsieur retraite" de la CFDT, contacté par Europe1.fr. De plus, ce système résoudrait plusieurs injustices du régime actuel, selon le syndicat, comme la faible prise en compte des temps partiels dans les annuités cotisées, ou encore le privilège donné aux carrières longues, avec un mode de calcul des retraites qui s'appuie sur les 25 meilleures années de travail. "Mais nous n'avons jamais explicitement dit : 'il faut faire ça ou ça'", précise Jean-Louis Malys, qui ne fait que "poser les questions pour éclairer le débat."

• Un système à double tranchant. La CFDT le reconnaît : un système à la carte ne résoudra pas "l'urgence"  de réduction des déficits. "Avec un système par point ou par annuité, il va de toute façon falloir faire des efforts", admet Jean-Louis Malys, pour qui l'optimisme de Najat Vallaud-Belkacem ne tient pas. Or, le système par points n'est pas forcément le moins douloureux en cas d'efforts à faire. Dans l'une de ses versions, inspirée des pays nordistes, la valeur des points, et donc le montant des retraites, varie selon l'âge des nouvelles générations et l'état des finances des caisses de retraites. Si celles-ci sont vides, et si les générations nouvelles ne sont pas assez nombreuses pour les remplir, les pensions baissent. Une version qui va donc à l'encontre de ce qu'a promis lundi Najat-Vallaud Belkacem. La CFDT, elle, ne dit pas non à un tel mécanisme, mais pas tout de suite. "Nous ne voulons pas d'une solution aussi brutale. Nous ne voulons pas un big-bang, insiste Jean-Louis Malys. Mais une réforme qui aille vers plus de souplesse, étalée d'ici 10, 15 ou 20 ans." Le temps que reviennent des jours meilleurs… et la croissance.