Rafale : les salariés restent prudents

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Parmi les © REUTERS
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avec Arthur Helmbacher et Stéphane Place , modifié à
Ils se félicitent de la probable vente de 126 avions mais, par expérience, attendent une confirmation.

Cette fois-ci, ils espèrent que c’est la bonne. Un peu plus de dix ans après sa mise en service, l’avion Rafale de Dassault est tout proche d’être enfin vendu à l’étranger, en l’occurrence à l’Inde, qui en commanderait 126 exemplaires pour douze milliards de dollars.

Les quelque 8.000 employés de l’avionneur espèrent donc que cette commande sera bientôt concrétisée, avec l’assurance d’avoir du travail pour plusieurs années. Mais certains préfèrent rester prudents, tant le Rafale a essuyé les échecs, notamment au Brésil ou aux Emirats arabes unis.

"Une excellente nouvelle"

Au siège de Dassault, à Saint-Cloud, les employés ne cachent pas leur soulagement. "C’est la concrétisation d’énormément d’efforts. Personnellement, j’ai travaillé treize ans sur le Rafale. C’est une excellente nouvelle", confie l’un des employés à Europe 1.

Son voisin abonde : "cela représente surtout une certaine reconnaissance du travail effectué, de la valeur de ce qu’on fabrique". Une salariée du groupe ne cache pas sa joie et va même jusqu’à ironiser : "je ne vais pas pouvoir partir à la retraite, c’est bête, parce qu’il va y avoir du boulot".

"Des annonces comme cela, on en a eu beaucoup"

D’autres salariés de Dassault Aviation n’ont, eux, pas perdu la mémoire et se souviennent des précédentes promesses de contrats, tous annulés par la suite. "Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Il y a des espoirs déçus, il y a des espoirs qui ne se sont pas encore concrétisés", rappelle un salarié de Saint-Cloud.

Un autre confirme qu’il ne va "pas aller chercher la bouteille (de champagne) tout de suite, j’attends que mon patron me confirme que c’est sûr". "Quand je le verrai signé, j’y croirai, parce que des annonces comme cela, on en a eu beaucoup", renchérit sa voisine.

A l’usine de Mérignac, en Gironde, la prudence est également de mise. "Rien n’est signé, on n’en sait pas plus", élude l’un des employés de l’usine d’assemblage.

Pas d’embauche en perspectives pour l’instant

Côté syndicats, on espère que cette vente se concrétisera, profitant de l’occasion pour demander la fin de la politique de quasi-gel des embauches et des salaires.  "Aujourd'hui, les salariés ne comprendraient pas dans un tel contexte que la direction n'en fasse pas un peu plus sur les salaires et l'emploi", a assuré Raymond Ducrest, délégué CFDT, qui estime que "le climat social s'est dégradé" chez Dassault Aviation.

"La direction nous a dit que tant que ce contrat n'était pas signé, elle n'avait pas l'intention de revoir sa politique salariale", a-t-il résumé. D'autant que seuls treize avions devraient être fabriqués dans l'Hexagone, le reste devant être assemblé en Inde. Il n'est donc pas sûr que ce contrat soit une aubaine en termes d'emploi, d'autant que "le transfert de technologie qui est fait entraîne que l'on se crée des concurrents dans un pays qui n'est plus du tiers-monde, qui est un pays émergeant considérable", comme l'a souligné l'ancien ministre socialiste de la Défense Paul Quilès.