Prix à la pompe : la bataille est lancée

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Les associations de consommateurs ne s'attendent pas à un miracle.

Sujet de préoccupation majeur pour les Français, surtout pour ceux qui vivent en zone péri-urbaine et rurale, les carburants vont figurer en bonne place sur l'agenda politique de la rentrée. Le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, a en effet assuré samedi à la Rochelle que les prix des carburants allaient baisser la semaine prochaine, un message que les pétroliers ont bien entendu.

"Je le dis ici, les prix des carburants baisseront"

Pierre Moscovici a pris tout le monde de court samedi, en s'exprimant sur le dossier des carburants sans même attendre les entretiens prévus lundi et mardi avec les industriels et la grande distribution. "Je le dis ici, les prix des carburants baisseront par un effort partagé. Je m'y engage maintenant, ce sera chose faite la semaine prochaine", a-t-il lancé depuis l'Université d'été du Parti socialiste.

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Sollicité par les médias pour donner plus de détails, le ministre a expliqué qu'il "y aura des décisions qui seront prises, qui marqueront la volonté du gouvernement que le prix du carburant soit plus faible qu'il n'est aujourd'hui, soit inférieur. Il y aura, j'espère, un effort partagé. Nous voulons convaincre. Et je souhaite que cette décision soit applicable, très vite, immédiatement".

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Actions de l'Etat et des pétroliers

Deux actions devraient être menées en parallèle : d'un côté, une action de l'Etat, avec une baisse des taxes sur les carburants, probablement de la TICPE, la Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques, qui rapporte beaucoup d'argent à l'Etat. De l'autre, les compagnies pétrolières vont devoir rogner sur leurs marges, peu élevées dans la distribution.

Le gouvernement ne devrait pas avoir trop de mal à négocier avec les groupes pétroliers, le président de l'Union française des industries pétrolières (Ufip), Jean-Louis Schilansky ayant déclaré dimanche matin : "nous sommes prêts à accompagner l'effort du gouvernement (...) de façon à ce que cette baisse ou atténuation soit sensible pour l'automobiliste".

Les automobilistes ne doivent cependant pas s'attendre à une révolution sur leurs factures d'essence. "La flexibilité au niveau de la distribution est très, très faible. Après avoir payé 8 ou 9 centimes de frais pour distribuer les produits pétroliers, il reste aux distributeurs de l'ordre de 1 centime d'euro du litre", a souligné l'Ufip, avant de conclure : "il n'y a pas de miracle".

Les associations prudentes

Les associations de consommateurs ne s'attendent pas, elles non plus, à un miracle. "On ne peut accueillir que favorablement l'annonce d'une baisse des prix du carburant, mais en même temps, il ne faudrait surtout pas que ce geste qu'on nous fait de la main gauche soit compensé par une taxe qu'on inventerait et qui viendrait nous prendre le même geste de la main droite", a ainsi expliqué lundi sur Europe 1 Pierre Chasseray, le délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes. 

Pour l'Etat, "chaque centime en moins sur un litre d'essence représente une perte abyssale d'1,5 million d'euros par jour", a-t-il rappelé, ajoutant : "on comprend bien qu'une baisse sensible du prix de l'essence, et le geste de l'Etat, il faudra bien le compenser".

Pour Alain Bazot, le président de l'UFC-Que Choisir, "il ne faut pas s'attendre à ce que le consommateur ressente quoi que ce soit dans la cherté des carburants". "L'enjeu n'est pas sur la distribution" mais dans les "marges tout à fait colossales" réalisées par les compagnies pétrolières, "sur l'extraction ou encore plus sur le raffinage", a-t-il assuré sur Europe 1. 

Un effort partagé entre l'Etat et le secteur pétrolier

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 La baisse des prix devrait donc rester minime mais une baisse, même de quelques centimes, va se chiffrer en millions d'euros de manque à gagner pour l'Etat et le secteur. Ces derniers devraient donc se répartir l'effort financier, l'Etat envisageant une diminution "modeste" et "provisoire" des taxes, tandis que les pétroliers et les distributeurs vont être invité à réduire un peu leurs marges.

Un sondage Ifop pour Sud Ouest Dimanche indique aussi qu'une majorité de Français (55%) se disent "plutôt mécontents" sur ce dossier et jugent que "l'effort financier de l'Etat (n'est) pas suffisant". L'équation s'annonce pourtant périlleuse : comment baisser les prix sans réduire les taxes collectées par l'Etat, qui peine déjà à boucler son budget 2013 ?