Pourquoi le monde a peur du "shutdown"

Le G20 a nommément pointé du doigt les Etats-Unis vendredi en appelant Washington à agir "d'urgence" pour régler leur crise budgétaire qui perturbe l'économie mondiale.
Le G20 a nommément pointé du doigt les Etats-Unis vendredi en appelant Washington à agir "d'urgence" pour régler leur crise budgétaire qui perturbe l'économie mondiale. © REUTERS
  • Copié
, modifié à
La crise budgétaire américaine pourrait porter un coup à l'économie locale… et mondiale.

La mise en garde. Le "shutdown"  commence à inquiéter au-delà des frontières américaines.  "Les Etats-Unis doivent agir d'urgence pour régler leurs incertitudes budgétaires ", a ainsi prévenu vendredi le G20 dans un communiqué. Les problèmes de la première économie mondiale ont été sur les lèvres de l'ensemble des leaders économiques mondiaux, réunis cette semaine à Washington. "Je voudrais faire part de notre souhait que notre partenaire américain trouve une solution au plus vite (...) sans cela nous ne pouvons pas aller de l'avant", a également déclaré le ministre russe des Finances, Anton Siluanov. Et mardi, c'est le FMI qui s'inquiétait de cette crise. Elle pourrait "gravement endommager" l'économie du globe, déclarait l'institution dirigée par Christine Lagarde.

>>> Pourquoi sont-ils tous si inquiets ? En quoi le "shutdown" menace-t-il le monde? Décryptage en trois points.

Boursier.com - Pas d'affolement après le "shutdown" aux Etats-Unis

La demande intérieure est amputée. Le "shutdown" prévoit de couper presque toutes les dépenses publiques jugées non essentielles. Résultat : près d'un million de fonctionnaires se retrouvent au chômage technique, privés de soldes. Et il en est de même pour tous les sous-traitants financés par de l'argent public. Lockheed Martin, spécialisé dans la défense et la sécurité et qui dépend de ses contrats avec le Pentagone, a par exemple placé 3.000 employés en congé sans solde.

Automatiquement, ces derniers consomment moins, et affaiblissent toutes les entreprises américaines, leurs partenaires, ainsi que toutes celles qui ont des intérêts économiques sur le territoire. Selon le cabinet d'analyse IHS Inc, le "shutdown" coûte 300 millions de dollars à l'ensemble de l'économie américaine par jour. Des experts cités par Le Figaroévoquent un recul du PIB de 0,3% à 1,4% au quatrième trimestre, selon la durée de la crise (un mois étant pris comme base pour le pire scénario). L'économie américaine, comme le précise le FMI, étant le "premier moteur de l'économie mondiale", c'est toute la planète qui en subit les conséquences.

>> Le "shutdown fait suite à une absence d'accord au Congrès sur le plafond de la dette. Pour un aperçu des avancées des négociations, voir notre article. 

L'accès à l'emprunt est menacé.  L'origine du "shutdown", c'est une absence d'accord sur le plafond au dessus duquel les États-Unis peuvent s'endetter. Or le maximum légal pour le moment autorisé sera bientôt atteint. Et les États-Unis ne pourront plus emprunter. Dès lors, les autorités devront cesser une grande partie des investissements publics. Ce qui pénalisera, là encore, toutes les entreprises implantées là bas et leurs partenaires. Et même si le Congrès trouve un accord sur la dette, les marchés risquent de devenir plus frileux à l'avenir avant de prêter aux États-Unis, par peur de voir une autre crise arriver. Une crise de confiance pourrait naître sur les places boursières, et risquerait de toucher d'autres pays.

Boursier.com - Bourse : du sang neuf à Wall Street pour le Dow Jones !

Les blocages administratifs se multiplient. Comme l'a indiqué la Secrétaire au Commerce Penny Pritzker,  87% des 46.000 employés du secrétariat au Commerce sont en congés sans solde. Conséquences : l'information des entreprises diminue et les blocages administratifs se multiplient.

Les marchés financiers sont également touchés de plein fouet. La publication d'un certain nombre de statistiques est bloquée et les introductions en Bourse peuvent être retardées. Les sociétés peuvent toujours déposer certains documents à la SEC, le gendarme boursier, qui dispose d'assez de financements pour fonctionner, mais au ralenti. Car la "Securities and Exchange Commission" ne fait travailler que 250 personnes sur plus de 4.000 employés.