Pourquoi la SNCF fait de moins en moins grève

En quelques années, le nombre de jours de grève cumulés a beaucoup baissé à la SNCF.
En quelques années, le nombre de jours de grève cumulés a beaucoup baissé à la SNCF. © MAXPPP
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Damien Brunon et Pascal Berthelot , modifié à
INFO E1 - Depuis 2003, le nombre moyen de jours de grève par cheminots est en chute libre.

L’INFO. C’est l’heure du choix. Les élections professionnelles à la SNCF se déroulent jeudi. Les cheminots vont devoir élire leurs représentants syndicaux pour les trois prochaines années. L’enjeu est de taille dans une entreprise qui a une forte réputation "gréviste". Les cheminots ne sont pourtant plus aussi mobilisés que par le passé, selon les informations recueillies par Europe 1.

2003, année noire. L’année des grandes grèves contre la réformes des retraites de François Fillon, la SNCF avait enregistré environ 380.000 jours de grèves cumulés sur l’année. Pour les près de 180.000 cheminots de France, cela équivalait donc à deux jours de grève par employé.

Depuis, le nombre de jours de grève par cheminot a été fortement réduit. En 2012, il était divisé par quatre, seulement 80.000 journées chômées ayant été comptabilisées, l’équivalent de 0,5 jour de grève par cheminot. En 2013, les chiffres sont néanmoins remontés. 170.000 jours de grève ont en effet été enregistrés, soit deux fois moins que dix ans plus tôt.

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De moins en moins d’ouvriers. L’évolution de ces chiffres montre bien que si la SNCF fait toujours partie des entreprises privées les plus "grévistes" de France, cette culture disparaît. Cette réalité est liée à plusieurs éléments, en tête desquels on trouve l’évolution sociologique du personnel de l’entreprise. Il y a en effet de moins en moins d’ouvriers cheminots, de poseurs de rails, et de plus en plus de cadres et d’employés aux guichets.

C’est également la raison pour laquelle le syndicat historique de la SNCF, la CGT, voit le nombre de ses représentants chuter d’élections en élections. En 2006, le syndicat avait remporté 40,13% des voix. En 2011, son score s’était établi à 37,37%. La chute est certes lente, mais elle profite à l’Unsa, un syndicat beaucoup plus modéré.

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Une motivation cassée. La baisse du nombre de grèves est aussi liée à un élément matériel. Depuis quinze ans, les jours chômés ne sont plus compensés comme avant. Souvent, la SNCF prenait en charge une partie des premiers jours de grève, mais ce n’est plus le cas.

La loi de 2008 sur la représentation syndicale a également été l’un des moteurs de la démobilisation chez les cheminots. Les syndicats ont désormais besoin de recevoir au moins 10% des votes exprimés lors des élections professionnelles pour être considérés représentatifs et négocier les accords avec la direction.

Une concurrence s’est donc installée entre les différentes structures syndicales. Problème : elles n’appellent plus systématiquement à la grève ensemble, ce qui casse les dynamiques de protestation.

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