Poulet congelé : Bruxelles suscite un tollé

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Sophie Amsili avec agences , modifié à
L'UE va supprimer ses aides à l'exportation, suscitant l'inquiétude de la filière française, première bénéficiaire.

Le tollé. Les exportateurs de volailles français sonnent l'alarme après la décision, jeudi, de la Commission européenne de supprimer rapidement les "restitutions" dont ils bénéficient.

Les "restitutions", c'est quoi ? Ce sont des aides à l'exportation du poulet congelé entier pour des marchés spécifiques, principalement les pays de l'ex-URSS et le Moyen-Orient. La France est, de loin, le premier bénéficiaire de ces aides : elle a récolté 93,7% des 55 millions d'euros versés pour la campagne 2012-2013.

Ces "restitutions" ont déjà été ramenées de 325 à 108 euros la tonne de viande en janvier dernier. Cette fois, elles tomberont à zéro euro et ce rapidement, a prévenu Bruxelles. La Commission justifie cette décision par la baisse des cours des aliments pour les volailles et les bonnes perspectives d'exportation vers les pays tiers à l'Union européenne.

"Un coup de poignard". Seulement, les professionnels ne partagent pas du tout ce point de vue. La décision de la Commission est "un coup de poignard dans le dos de l'aviculture", selon la Confédération française de l'Aviculture (CFA). Celle-ci estime que "rien ne justifie" cette décision car "les prix sur le marché mondial se sont très fortement dégradés au cours des derniers mois avec des prix de 'dumping' de nos concurrents comme le Brésil". Du côté de la FNSEA,  le principal syndicat des agriculteurs, le président Xavier Beulin partage ce constat : "l'Union européenne continue d'appliquer ses engagements pris en 2005" de démanteler les dispositifs d'aide à l'export, "pendant que nos concurrents américains, brésiliens et autres utilisent ces mêmes armes pour être plus performants", estime-t-il.

"Une telle décision va tuer l'emploi", prévient Christian Marinov, directeur de la CFA, alors que les deux principaux groupes de volaille, Doux et Tilly-Sabco, emploient plus de 2.000 salariés travaillant à l'export. Le groupe Doux, en redressement judiciaire depuis le 1er juin 2012, s'était pourtant dit confiant en son avenir en février, annonçant avoir renoué avec les profits. "On a environ 2,5 millions de mètres carrés qui produisent du poulet pour l'exportation vers le Proche et le Moyen-Orient, qu'en fait-on?", s'interroge également Xavier Beulin.

La FNSEA à l'Elysée. Le président de la FNSEA en appelle donc au chef de l'Etat : "c'est au président François Hollande de jouer : il doit mettre tout son poids dans le dossier pour obtenir de Barroso [le président de la Commission européenne, ndlr] sinon une remise en cause au moins un aménagement de cette décision", demande-t-il. Xavier Beulin doit rencontrer le président de la République lundi à ce sujet.