Petroplus : un seul mois d’activité

© REUTERS
  • Copié
avec Carole Ferry , modifié à
- Shell a promis de relancer son activité mais pour une courte durée.

Le sauvetage de la raffinerie Petroplus a été l’un des feuilletons de la campagne électorale, érigé en symbole de ces plans sociaux qui menacent l’emploi. L’Etat et la justice ont tout fait pour sauver le site de Petit Couronne, placé en redressement judiciaire et dont l’activité doit être relancée en juin.

Mais, alors que ce redémarrage est imminent, les 550 employés de cette raffinerie de banlieue rouennaise ne sont pas pour autant rassurés : l’activité va non seulement être relancée avec une semaine de retard, mais elle le sera aussi et surtout pour une courte durée, selon les informations d’Europe 1. Alors qu’il était question d’un redémarrage de six mois, les brûleurs du site risquent de ne rester allumés qu’un seul mois, a prévenu Shell.

Relancer l’activité, une obligation

Cette remise en service doit permettre de conserver le site en bon état, mais aussi de "favoriser les perspectives de reprise du site, en le rendant plus attractif pour un investisseur", précise la direction de Petroplus. Néanmoins, "à ce jour" aucune offre ferme de reprise n’a été enregistré, seulement trois manifestations d'intérêt, dont celle du groupe Klesch.

En vertu d’un accord avec la justice et l’administrateur judiciaire, Shell, qui est l'ancien propriétaire du site, va approvisionner en brut la raffinerie à partir du 14 juin, à raison de 100.000 barils par jour. "Le contrat a démarré puisque l’administrateur judiciaire de Petit Couronne a choisi l’option de redémarrer", a confirmé à Europe 1 Patrick Romeo, le patron de Shell France.

Chantage et partie de poker menteur

Mais l’accord conclu  précise également que la contribution financière de Shell ne doit pas excéder un certain montant, que plusieurs sources chiffrent à 25 millions d’euros, un seuil qui risque d’être franchi bien avant les six mois d’activité prévue. "Notre seuil maximum de contribution sera atteint au bout d’un mois, ce qui veut dire que si l’administrateur souhaite prolonger l’activité, elle devra financer elle-même le fonctionnement à perte de cette usine", a prévenu le PDG de Shell.

Les politiques tentent néanmoins de faire, eux aussi, pression sur Shell. Son patron, Patrick Romeo, a passé la journée de jeudi au Sénat pour demander l’autorisation d’explorer l’énorme gisement de pétrole découvert en septembre dernier en Guyane.

Mais la Commission a été très claire : si Shell veut ce gisement, ce sera en échange d’un effort supplémentaire en faveur de la raffinerie de Petroplus. "Le pétrole de la Guyane est un pétrole français et les raffineries qui raffineront ce pétrole devront être des raffineries françaises et notamment celle de Petit Couronne", a prévenu le sénateur socialiste Thierry Repentin. Le pétrolier Shell juge cette demande illégale, les négociations s’annoncent longues et complexes : une nouvelle rencontre est prévue dans les semaines à venir.