Parisot : "coup d’État" ou coup de poker ?

La présidente du Medef Laurence Parisot, dont le mandat doit s'achever en juillet après un renouvellement en 2010, va proposer lundi au conseil exécutif du principal mouvement patronal français de modifier les statuts pour pouvoir rester à son poste
La présidente du Medef Laurence Parisot, dont le mandat doit s'achever en juillet après un renouvellement en 2010, va proposer lundi au conseil exécutif du principal mouvement patronal français de modifier les statuts pour pouvoir rester à son poste © REUTERS
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Stupeur au Medef : la patronne des patrons veut changer les statuts pour rester à son poste.

L'INFO. La règlementation lui interdit de rester au pouvoir? Et bien la règlementation doit être changée. Cette volonté n'est pas celle d'un dictateur sud-américain mais de Laurence Parisot, présidente du Medef. Selon plusieurs journaux (Les Echos, Le Parisien, Le Canard enchainé etc.), la patronne des patrons est en effet prête à tout pour le rester : elle va proposer lundi au conseil exécutif de modifier les statuts du mouvement patronal. Actuellement, la durée est de cinq ans pour un premier mandat, de trois pour le second et il est interdit d'en faire un troisième. Or, celui de Laurence Parisot arrive à son terme en juillet.

L’argument officiel. Officiellement, la question d'une candidature de Laurence Parisot à sa propre succession ne se pose pas encore. Lundi, l'exécutif du Medef ne va se prononcer que sur les statuts. Mais selon son entourage, il ne fait pas de doute que l'actuelle patronne en chef souhaite rempiler, ou au moins prolonger. Ses récentes déclarations laissent d'ailleurs percevoir ce qu'elle a derrière la tête. "Après le vote des parlementaires de l'accord sur l'emploi (signé vendredi soir avec les syndicats), il y aura les décrets d'application. C'est une période où il faut être très vigilant. D'où l'importance que l'équipe qui est à l'origine de cet accord le conduise jusqu'au bout", estime-t-elle, citée par Les Echos.

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Prolongement ou nouveau mandat? Laurence Parisot ne devrait proposer lundi qu'une modification de la durée des mandats. Mais Le Parisien avance que la patronne des patrons a adressé un courrier en date du 2 janvier au président du comité statutaire dans lequel elle estime que "le débat sur le nombre de renouvellements possibles des mandats du président mériterait lui aussi d'être ouvert".

"Un coup d'Etat". Cette ambition est loin de faire l'unanimité au Medef. "C'est un coup d'Etat", a ainsi protesté Jean-Claude Volot, ancien médiateur de la sous-traitance et candidat déclaré à la succession de Laurence Parisot, cité par Le Parisien. "Une prolongation aboutirait à un mandat de dix ans au total. On irait alors vers une professionnalisation de la fonction de président qui est contraire aux statuts. Le président du Medef doit être un entrepreneur en activité et non rémunéré. C'est de là qu'il tire sa légitimité", renchérit un membre du conseil exécutif cité par Les Echos.

Conserver les vieux sages. La réforme des statuts concernerait également la limite d'âge des dirigeants de l'organisation, actuellement fixée à 65 ans. Objectif officiel : repousser la limite pour être en phase avec la position du Medef sur l'âge légal de départ à la retraite. Mais certains entendent une autre musique. "Le but est cette fois de s'assurer que (l'ancien patron de BNP Paribas) Michel Pébereau, bientôt frappé par cette limite, puisse rester à ses côtés", aurait indiqué au Parisien un adversaire de Laurence Parisot.

Une succession déjà pliée ? Les modifications doivent être adoptées par au moins la moitié des membres du conseil exécutif, puis par les deux tiers de l'Assemblée générale du Medef. Par ailleurs, même si les statuts changent,  rien ne dit que Laurence Parisot part favorite dans la course à sa succession. En effet, les accords sur l'emploi ressemblent peut-être fort à une victoire politique. François Hollande l'a même appelée dès vendredi pour la féliciter. Mais ils ne sont pas non plus du goût de tout le monde : "dans les Medef territoriaux, qui sont composés essentiellement de PME, l'enthousiasme n'est pas aussi prononcé qu'avenue Bosquet (siège du Medef)", fait ainsi remarquer un membre dans Les Echos.

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