PSA : rentrée sous haute tension à Aulnay

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Fabienne Cosnay avec Martin Feneau, envoyé spécial à Aulnay et AFP , modifié à
Les salariés ont repris le travail, mardi. La direction s'inquiète de possibles débordements.

Ils ont retrouvé leur usine sans se faire d'illusions sur leur avenir. Après un mois de congés et une semaine de chômage partiel, les ouvriers de l'usine PSA Peugeot-Citroën du site d'Aulnay-sous-Bois ont de nouveau franchi les portiques de sécurité, mardi matin, et retrouver les ateliers.  

"Rester combattifs"

"On revient travailler parce qu'on n'a pas le choix. Mais le coeur n'y est pas", confie Michel Giancatarina, 57 ans, employé à l'usine depuis ses 20 ans."Honnêtement, on est sans illusions sur la fermeture de l'usine. La question, c'est surtout ce qu'on va devenir après. Pas trop pour moi, parce que je suis près de la retraite. Mais surtout pour les collègues de 40 à 50 ans. Ca va être dur pour eux de se recaser", s'inquiète le salarié. Le 26 juillet, les quelque 3.000 salariés et 400 intérimaires du site étaient partis en congés, alors que la direction leur avait annoncé la fermeture de l'usine en 2014.

La grève, chacun y pense, même si aucun mot d'ordre précis n'a pour l'instant été donné par les syndicats. "Tant qu'on ne sait pas à quelle sauce on va être mangés, il faut rester combatifs et prêts à se mobiliser, même si on est abattus", estime Eric Basquin, 47 ans, ouvrier en carrosserie.

Les syndicats vont devoir définir une stratégie

12.07 Manifestation à Aulnay-sous-Bois devant l'usine PSA. 930620

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Les syndicats cherchent à mobiliser les troupes et à définir une stratégie pour les prochaines semaines. Grève, arrêt du travail, actions coup de poing, les plus radicaux vont jusqu'à envisager une séquestration des responsables du site. Des assemblées générales doivent se tenir secteur par secteur dans les ateliers, pour consulter les salariés sur leur état d'esprit. Par ailleurs, une réunion de concertation avec les différents syndicats est prévue mardi après-midi à l'usine de Poissy, dans les Yvelines.

"On n'a plus de temps à perdre aujourd'hui. Le compte à rebours a démarré (…) On est un certain nombre dans l'usine à avoir décidé de se battre et de ne pas mourir", confie au micro d'Europe 1 Jean-Pierre Mercier, délégué CGT d'Aulnay. "Dès mardi matin, on va à la bagarre", assure Mohammed Khenniche, délégué du syndicat SUD, interrogé par l'AFP. "En juillet, les gars étaient choqués, mais là, ils vont revenir avec beaucoup d'énergie pour se battre. Ils n'ont pas le choix : c'est soit ça, soit Pôle emploi", prévient le syndicaliste.

Des agents de sécurité pour protéger la direction

Face à de possibles débordements, la direction du site d'Aulnay-sous-Bois a pris les devants. Mardi matin, dès 6h, une quarantaine d'agents de sécurité étaient chargés de protéger l'un des bâtiments administratifs de l'usine, une sorte de "base arrière" où la direction pourrait se réfugier en cas d'actions fortes menées par les ouvriers.