PSA et General Motors : chronique d'un divorce annoncé

General Motors a décidé de prendre ses distances vis-à-vis du groupe Peugeot-Citroën. Simple passage à vide ou prémisse d'une séparation ?
General Motors a décidé de prendre ses distances vis-à-vis du groupe Peugeot-Citroën. Simple passage à vide ou prémisse d'une séparation ? © REUTERS
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AUTOMOBILE - Le constructeur américain a annoncé qu’il vendait les 7% de PSA qu’il détenait. Et après.

L’info.Venu au secours du groupe automobile PSA en mars 2012, l’Américain General Motors, a décidé de retirer ses billes. Il a annoncé jeudi la vente des 7% du capital de Peugeot-Citroën qu’il détenait. Une annonce qui n’est pas sans rapport avec la signature d’une alliance avec le Chinois Dongfeng. Chronique d’un divorce annoncé.
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De prime abord, tout va bien. Officiellement, GM revend ses 24,8 millions d'actions PSA sans aucune animosité. Il les avait acquises en mars 2012 pour montrer la confiance qu’il accordait à cette alliance franco-américaine, mais aussi pour convaincre les autres investisseurs d’acheter des actions PSA. Estimant que "ce soutien n'est plus nécessaire", GM revend donc aujourd'hui ses parts pour récupérer de l’argent et poursuivre sa propre réorganisation. Sauf que le groupe PSA n’est pas vraiment dans la meilleure forme de sa vie, avec une action en Bourse restée au même niveau que lors de son alliance avec GM. Et qui va chuter dès que son capital sera dilué avec l’arrivée du Chinois Dongfeng.

La preuve, l’alliance industrielle demeure. Pourtant, officiellement, tout va bien, comme l’a souligné le vice-président de GM, Steve Girsky : "notre alliance reste solide et focalisée sur des programmes communs de développement de véhicules, des fabrications croisées, des achats et de la logistique". Sauf que le groupe PSA a annoncé un peu plus tôt dans la journée de jeudi que son alliance avec GM allait être revue à la baisse, avec notamment la fin d'un programme de développement conjoint d'une "plateforme du segment B et du moteur essence de petite cylindrée associé".

Cette séparation capitalistique se double donc du début d’une séparation industrielle. Mais officiellement tout va pour le mieux puisque PSA et GM vont travailler à un nouveau projet commun "pour développer un nouveau modèle de véhicule utilitaire léger du segment B", de type Berlingo Partner.

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Une conséquence de l’arrivée du Chinois Dongfeng ? Cette annonce intervient alors que le constructeur automobile français négocie une autre alliance, avec le Chinois Dongfeng cette fois-ci. La marque née à Wuhan en profiterait pour injecter de l’argent, tout comme l’Etat français, avec une conséquence directe : le famille Peugeot, actionnaire historique, perdrait le contrôle de l’entreprise.

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Résultat, le navire PSA se retrouverait avec plusieurs capitaines à la barre, ce qui n’est pas pour rassurer : un groupe en difficulté doit faire des choix pour se réorganiser et la multiplication des décideurs est synonyme de pesanteurs. Le groupe GM, qui est train de finir sa mue et vient de changer de patron,  est bien placé pour le savoir. Sans oublier qu’il se méfie d’une alliance qui le placerait sous l’influence de l’Etat français, mais aussi chinois, qui reste aux commandes de Dongfeng.
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Allié, mais jusqu’à quand ? Fait aggravant, General Motors n’en est pas à son premier divorce : alliée en 2000 à l’Italien Fiat, la firme de Detroit n’a pas hésité à rompre ces liens en 2004, quitte à y laisser des milliards d’euros. Si à court terme, les groupes PSA et GM restent alliés, il n’est donc pas sûr que leur alliance survive à moyen et long terme.
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