Moody's menace le triple A de la France

L'agence de notation s'inquiète des perspectives de croissance faibles de la France.
L'agence de notation s'inquiète des perspectives de croissance faibles de la France. © MAX PPP
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avec agences , modifié à
L'agence s'inquiète de la dégradation des perspectives de croissance française.

L'avertissement de Moody's ne passe pas. La bourse de Paris a terminé lundi sur un recul de 3,41% passant sous la barre des 2.900 points, après que l'agence de notation a indiqué que la note de la dette française pourrait être dégradée à terme. Après un premier coup de canif le 18 octobre, Moody's accroit ainsi la pression.

En cause : l'agence de notation s'inquiète des taux de plus en plus élevés auxquels doit faire face le pays pour emprunter sur le marché obligataire et de la dégradation de ses perspectives de croissance.

"Ce n'est pas un scoop"

Une mauvaise nouvelle pour la France qui doit emprunter dès lundi pour 7 milliards d'euros de titres à court terme. Dans un commentaire, Moody's estime en effet que "les coûts de financements élevés, conjugués à une perspective de croissance qui se détériore, auront des implications de crédit négatives". En clair, cela signifie une potentielle baisse de la note du pays.

"Ce n'est pas un scoop mais ça appuie là où ça fait mal", analyse Dov Adjedj, du courtier Aurel BGC. "Cela fait belle lurette que la France ne mérite déjà plus son triple A", estime Laurent Geronimi, directeur de la gestion des taux chez Swiss Life Gestion privée. "Les marchés vont même plus loin et se demandent désormais quand la France va perdre son triple A : avant ou après les élections présidentielles" d'avril, a-t-il ajouté. Le gouvernement de Nicolas Sarkozy a fait de la sauvegarde du triple A par les trois grandes agences de notation une priorité.

François Baroin rassurant

Soucieux d'apaiser les tensions, François Baroin, le ministre de l'Économie, a rappelé que les conditions de financement de la France "sont à un niveau très favorables". Le ministre de l'Économie a tenu à préciser que le nouveau train de mesures adopté le 7 novembre dernier pour réduire les déficits budgétaires de la France "n'auront pas d'impact négatif sur la croissance de l'économie française, dont le PIB a d'ailleurs progressé de 0,4 % au 3e trimestre, chiffre supérieur à la moyenne de la zone euro".

Les bourses dévissent

Quoi qu'il en soit, ces prévisions de l'agence de notation ont poussé à la baisse la Bourse de Paris, qui cédait plus de 2% lundi après-midi. A l'instar de la Société Générale (-4,92% à 15,85 euros) et de BNP Paribas (-5,13% à 26,63 euros), les valeurs bancaires étaient malmenées. Dexia chutait de 4,08% à 0,28 euro. Axa cédait 4,24% à 9,11 euros. Areva perdait 1,99% à 20,20 euros.

L'ensemble des valeurs boursières européennes ont terminé en forte baisse, paniqué par les risques de contagion de la crise de la dette. La Bourse de Madrid a clôturé lundi en chute de 3,48% à 8.021 points, au lendemain d'élections législatives qui ont porté la droite au pouvoir.

De son côté, l'indice Footsie-100 de la bourse de Londres a perdu 140,34 points, soit 2,62% par rapport à la clôture de vendredi, à 5.222,60 points. L'indice vedette Dax de la Bourse de Francfort a, quant à lui, fini lundi en baisse de 3,35%, après des déclarations venues d'Allemagne montrant que Berlin reste sur une ligne dure face à la crise de la dette.