Licenciés, l’entreprise leur réclame quatre mois de salaire

Les anciennes employées de SodiMédical ont souvent été en tête de cortège des manifestations pour l'emploi ces dernières années.
Les anciennes employées de SodiMédical ont souvent été en tête de cortège des manifestations pour l'emploi ces dernières années. © Maxppp
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Damien Brunon et Julien Pearce , modifié à
DOCUMENT - En plein conflit juridique, la firme SodiMédical met la pression sur ses anciens employés.

L’INFO. Pendant la campagne présidentielle, Jean-Luc Mélenchon avait fait un exemple de SodiMédical pour évoquer les patrons voyous. Pas sûr que ce nouvel épisode améliore son image. Alors que la cinquantaine d’ex-salariés s'est battue pendant près de deux ans pour se faire payer plus d'une année de salaire, le patron de la firme s’appuie sur une récente décision de justice pour leur demander de rembourser quatre mois de paye.

Une décision de justice. En 2011, la firme laborantine de l'Aube, propriété d'un groupe allemand, avait décidé de délocaliser son activité en Chine, laissant sur le carreau 52 employés, principalement des femmes. Suite à ça, la cour d’appel de Reims avait condamné SodiMédical a payer environ 6.000 euros à chacun des anciens salariés de l’entreprise, l'équivalent de quelques mois de salaire et des dommages et intérêts.

Le problème c’est qu’une décision de la Cour de Cassation fin septembre 2013 est venue annuler la décision de Reims. Le directeur général de Lohmann&Rauscher, maison mère de Sodimédical, s’est donc fendu d’une lettre insistant sur le fait que ces sommes avaient été versées “à tort”.

La colère. Lorsque les anciens employés ont reçu la lettre, c’est la colère qui a pris le dessus. “Ca a beaucoup de mal à passer. Maintenant, ça fait un an que nous sommes sans emploi, rendre quatre mois de salaire, c’est impossible”, explique Angélique au micro d’Europe 1.

Cette lettre, outre le fait qu’elle réclame à demi-mot le remboursement des sommes octroyées, est surtout une façon de mettre la pression sur le groupe d’anciens salariés qui s’étaient mobilisés pendant près d’une année en occupant le site de leur entreprise.

Des indemnités à négocier. Il faut dire que SodiMédical s’inquiète d’une autre décision de justice qui pourrait lui coûter très cher. Mi-décembre, les prud’hommes pourraient en effet condamner l’employeur à verser environ 100.000 euros d’indemnités à chacun des employés pour leur licenciement lors de la délocalisation.

Depuis longtemps, les avocats de l’entreprise proposent des accords à l’amiable bien moins intéressants aux anciens salariés. Sept ont déjà accepté, se voyant octroyer entre 14.000 et 20.000 euros. Selon Me Jacques Tellache, avocat des ex-salariés interrogé par l’Est Eclair, menacer de réclamer le remboursement de quatre mois de salaire est donc une nouvelle façon de les pousser à accepter les accords amiables.