Les syndicats s'écharpent sur Goodyear

La CGT porte une responsabilité dans le projet de fermeture du site de Goodyear à Amiens Nord, faute d'avoir négocié un accord pour sauver l'emploi, a estimé vendredi sur LCI le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger.
La CGT porte une responsabilité dans le projet de fermeture du site de Goodyear à Amiens Nord, faute d'avoir négocié un accord pour sauver l'emploi, a estimé vendredi sur LCI le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger. © MAXPPP
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avec Carole Ferry , modifié à
La CGT n'a pas apprécié les accusations de la CFDT sur la fermeture d'une usine à Amiens.

La décla choc. "Il y a eu une position dogmatique de la part de la CGT", a taclé vendredi sur LCI le nouveau leader national de la CFDT, Laurent Berger, au sujet de l'annonce de la fermeture de l'usine d'Amiens Nord Goodyear. Selon lui, l'intransigeance de la CGT, majoritaire sur le site, est responsable "à part égale avec" les choix de la direction, de la fermeture.

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• "Un constat d'échec fort", dit Berger.  Le leader syndical n'y est pas allé avec le dos de la cuillère, dans une déclaration d'une tonalité rare entre deux organisations salariales. "Il n'y a pas eu de discussion. Lorsqu'on ne regarde pas la réalité en face et lorsqu'on ne veut pas parler de l'adaptation de l'emploi aux conditions économiques : on a la suppression de l'emploi. Quand il y a des dogmes, et pas de volonté de sauver l'emploi, on va dans le mur ", a enchaîné Laurent Berger." Ce qui se passe à Goodyear, c'est dramatique. C'est un constat d'échec fort", a-t-il conclu.

• "M. Berger ne sait pas de quoi il parle." La réponse de la CGT ne s'est pas faite attendre. " Je m'attendais à recevoir des critiques, de la direction, de certaines personnes… mais pas d'un responsable soi-disant confédéral de syndicat", a réagi vendredi au micro d'Europe1 Mickaël Wamen, secrétaire de la CGT Goodyear Amiens. "M. Berger ne sait pas de quoi il parle. Ces syndicats ont été écartés il y a six ans du site d'Amiens, parce qu'ils suivaient toujours les intérêts du patronat. Si la CFDT avait bien fait son travail, M. Berger aurait pu se permettre, mais ce n'est pas le cas", a-t-il renchéri. Et de poursuivre : "M.Berger devrait rester à sa place, défendre les salariés. Mais il s'est inscrit dans la lignée des notables. Son salaire n'est pas menacé à lui. Il va mener une retraite paisible et signe des accords qui font le bonheur de Laurence Parisot."

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"Cinq ans qu'on se bat, seul." Si Mickaël Wamen ne décolère pas, c'est qu'il est persuadé que la CGT a fait les bons choix pour l'usine. "On s'occupe bien de notre outil de travail. Cela fait cinq ans qu'on se bat, seul. Si on ne se battait pas, cela fait belle lurette que l'usine serait fermée", estime-t-il. "La CGT Goodyear n'est responsable que d'une seule chose : que l'usine tourne encore et emploie 1.000 personnes.  Après, nous ne sommes pas responsables de la stratégie du groupe. D'ailleurs, sur place, les salariés sont très contents de notre bilan", assure le secrétaire syndical. Et de conclure, moqueur : "si Berger veut nous prendre pour des moutons, il s'est trompé de personne."

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• Près de six ans de bras de fer avec la direction. Ce que la direction et Laurent Berger reprochent à la CGT, c'est de n'avoir jamais accepté les compromis proposés par les dirigeants. Petit rappel des faits. Depuis 2007, les syndicats, notamment sous impulsion de la CGT, ont fait annuler deux plans de suppressions de poste en justice. En 2012, la direction a également annulé un plan de départs volontaires refusé par la CGT. La même année, le groupe Titan, intéressé par une reprise du site, comprenant la garantie de garder 537 emplois et un recentrage de l'activité sur la pneumatique agricole,  refuse les conditions proposées par la CGT et retire son offre.

Qu'en pense le gouvernement ? De François Hollande à Arnaud Montebourg, en passant par Jean-Marc Ayrault, l'exécutif refuse d'accabler telle ou telle partie et en appelle à de nouvelles négociations. "Des occasions ont été perdues dans les derniers mois. ll y a encore une possibilité, je l'espère, nous la cherchons", a déclaré vendredi François Hollande. "Les syndicats doivent mettre de l'eau dans leur vin, la direction du vin dans leur eau, et Titan doit boire l'eau et le vin des deux", a résumé le ministre du Redressement productif.