Les remèdes du docteur Monti

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Jean-Louis Dell'Oro avec agences , modifié à
Le nouveau président du Conseil italien a présenté sa feuille de route pour sortir le pays de la crise.

Mario Monti, en économiste et technicien averti, n'a pas attendu longtemps avant de demander de nouveaux "sacrifices" aux Italiens. Le nouveau président du Conseil a présenté jeudi devant le Sénat ses premières mesures pour redresser les finances publiques italiennes et relancer la croissance de la péninsule. Europe1.fr fait le tour des objectifs du nouveau président du Conseil italien, alors que les Italiens viennent déjà d'adopter une loi de stabilité financière.

Retraites : Le passage progressif de l'âge de départ à la retraite de 65 à 67 ans d'ici à 2026 avait déjà été acté par les précédents gouvernements. Mario Monti veut aller plus loin et s'attaquer aux "amples disparités de traitement" et aux "secteurs de privilèges injustifiés". A priori, l'Italie devrait donc homogénéiser les droits à la retraite.

Il pourrait également toucher au système des "pensions d'ancienneté", qui permet de partir à n'importe quel âge avec quarante ans de cotisations. Bruxelles souhaite qu'il soit réformé mais le parti populiste de la Ligue du Nord avait empêché l'ancien chef du gouvernement, Silvio Berlusconi, de le modifier.

Marché du travail : Mario Monti a mis en avant la nécessité d'adopter une réforme qui puisse permettre d'éviter que certains salariés soient "excessivement protégés" alors que d'autres sont "privés de protections et d'assurance" chômage". Là encore, il faut s'attendre à un lissage des conditions de travail et des acquis sociaux des salariés.

Le président du Conseil veut aussi "déplacer le centre de gravité vers les lieux de travail" dans la négociation sociale, c'est à dire de l'accord de branche vers les accords d'entreprises.

Fiscalité : Mario Monti a tout d'abord souligné le besoin de réduire la pression fiscale sur le travail. Il souhaite alléger les charges patronales et sociales tout en relevant la TVA, une mesure similaire à la TVA sociale que certains hommes politiques préconisent en France.

L'économiste italien veut ensuite "réexaminer le poids des prélèvements sur la richesse immobilière". A ce titre, il considère que l'absence de taxe foncière sur la résidence principale depuis son abolition par le gouvernement Berlusconi est une "anomalie" italienne sur laquelle il convient de revenir.

Mario Monti s'est également engagé à lutter contre l'évasion fiscale. Il souhaite par ailleurs réduire à la portion congrue le travail illégal. Le travail dissimulé représente en effet selon lui près de 20% du produit intérieur brut national.

Budget de l'Etat : L'Italie devra réduire son ratio de dette par rapport au PIB, qui se situe aujourd'hui à environ 120% (1.900 milliards d'euros). Afin de respecter l'objectif de l'équilibre budgétaire en 2013, le gouvernement évaluera "dans les prochaines semaines la nécessité de nouvelles mesures de correction budgétaire". Les Italiens doivent donc s'attendre à de nouvelles hausses de taxes ou réductions budgétaires.

Croissance : Le nouveau président du Conseil italien a souligné le fait que "l'absence de croissance a annulé les sacrifices" déjà accomplis dans le cadre des derniers plans d'austérité. En parallèle de l'austérité, le gouvernement devrait également adopter des mesures destinées à relancer la croissance. Mario Monti a notamment précisé qu'il fallait "aider la naissance de nouvelles entreprises, améliorer l'efficacité des services publics et favoriser l'emploi des jeunes et des femmes".