Les marchés prêts à tout pour l'Allemagne

L'argent afflue en Allemagne, même si ce pays ne propose qu'un taux d'intéret de 0%.
L'argent afflue en Allemagne, même si ce pays ne propose qu'un taux d'intéret de 0%. © REUTERS
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L’Allemagne lance mercredi un emprunt, promettant un taux d’intérêt de… 0%. Et ça marche.

Prêtez-moi de l’argent, je vous le rends dans deux ans mais sans aucun intérêt. Cette proposition est tout sauf intéressante et pourtant, l’Allemagne s’apprête à la faire mercredi. Pire, ce grand emprunt devrait être succès, les investisseurs préférant actuellement la sécurité au profit.

L’Allemagne va emprunter 5 milliards

La Bundesbank, la Banque centrale allemande, a annoncé mardi qu'elle allait émettre mercredi pour 5 milliards d'obligations à deux ans. En clair, l’Allemagne va emprunter sur les marchés 5 milliards d’euros qu’elle remboursera dans deux ans.

Une telle procédure est classique et l’Agence France Trésor, son homologue français, réalise des opérations similaires plusieurs fois par mois. En revanche, l’emprunt allemand prend une tournure pour le moins originale en ce qui concerne le taux d’intérêt : il sera de 0%, une première.

Un investissement… pour perdre de l’argent

Depuis le début de la crise de la dette dans la zone euro, l'Allemagne profite en effet de la méfiance des investisseurs. Ces derniers, craignant de ne pas récupérer leur argent, rechigne à prêter aux pays les plus en difficultés et se ruent sur les emprunts émis par l’Allemagne.

Résultats, il y a tant d’offres que l’Allemagne emprunte à des taux toujours plus bas. Ainsi, la semaine dernière, elle avait placé de la dette à 10 ans au taux historiquement bas de 1,47%. A titre de comparaison, la France emprunte à 2,87% et l’Italie à plus de 5,5%.

Cette fois-ci, l’Allemagne va battre tous les records en proposant une rémunération de 0% pour des emprunts sur deux ans. Un tel taux ne rapporte rien, il fait même perdre de l’argent aux prêteurs : pendant ce temps, l’inflation progresse d’environ 2% par an, si bien qu’en terme de pouvoir d’achat, ces 100 euros ne représentent plus que 96 euros deux ans plus tard. Un sacrifice que les investisseurs acceptent, privilégiant la sécurité au profit.