Le livre audio tente de se faire entendre

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Le secteur du livre n’échappe pas au bouleversement numérique. Dans un marché en recomposition, le livre audio essaye de tirer son épingle du jeu.

Un secteur en recomposition. Le marché du livre imprimé décroche doucement. L’an passé, la distribution physique de livres en France a reculé de 2% selon une étude du cabinet d’étude Xerfi. Et d’après les données récoltées, ce recul devrait persister : les ventes pourraient chuter de 1% chaque année, jusqu’en 2017.

Si le marché du livre papier s’effrite lentement, celui du livre audio est au contraire en nette progression. Entre 2008 et 2013, selon l’Ipsos, le nombre des ventes a augmenté de 156 %. En cause : une diversification de l’offre pour séduire un public adulte, dans un marché traditionnellement destiné aux enfants ou aux personnes malvoyantes.

Le Goncourt 2013 en livre audio. Dernier exemple en date, le roman Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre, prix Goncourt 2013. Et contrairement  à la grande majorité des livres audio interprétés par des comédiens, ce roman est cette fois lu par son auteur. Une publication diffusée par Audiolib, le leader du secteur lancé en 2008 par trois maisons d’édition : Hachette, Albin Michel et France Loisirs.

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L’autre poids lourd du marché, Gallimard, a lui aussi étoffé sa collection «Écoutez lire». A destination des adultes, la maison d’édition a récemment publié des livres audio issus de best-sellers, tels que Games of Thrones de George R. R. Martin ou 1984, de Georges Orwell.

Très développé en Suède et aux Etats-Unis. Un marché qui reste toutefois marginal, en dépit des promesses incarnées par les pays voisins. En Allemagne, le marché du livre audio atteint 4,5% des ventes de livres. Même succès en Suède, où il représente 15% des ventes du secteur. En comparaison, le livre audio français représente à peine 1% du marché.

Un manque de popularité, que Valérie Levy-Soussan, PDG d’Audiolib, explique par la sacralisation du livre : “il existe un très fort attachement au papier en France, ce qui constitue un frein pour aller vers d’autres produits, y compris pour le livre numérique”. Un constat partagé par Paule du Bouchet, chargée de la collection audio chez Gallimard, qui tente une autre explication, celle des rythmes de vie. “Dans les pays anglo-saxons, le trajet pour aller à l’école est beaucoup plus long. Les parents en profitent pour faire écouter aux enfants des livres audio, alors qu’en France, nous avons plus l’habitude d’allumer la radio”, affirme-t-elle.

Une méconnaissance du produit. Un déficit de popularité, également attribué aux librairies et diffuseurs en ligne, où le livre audio reste peu valorisé, selon les principaux acteurs du secteur. Conséquence, le produit peine à trouver son public. En février 2013, 8% des Français avaient déjà écouté un livre audio, selon une étude de l’Ipsos.

Pourtant, la même enquête d’opinion démontre que près de la moitié du panel interrogé se montre intéressé par ce support après l’avoir testé. Ce qui incite les protagonistes du marché à ne pas se décourager. A l’image de Cécile Palusinski, auteure et présidente de l’association “La plume de Paon”, consacrée au développement du livre audio : “Les chiffres montrent un regain d’intérêt. Et les éditeurs font un réel effort pour que les publications contemporaines sortent en même temps en livre audio. J’ai bon espoir pour qu’il soit davantage mis en valeur grâce au numérique, et qu’il continue à gagner un plus large public”.

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