"La baleine de Londres" coule JP Morgan

Les prises de position risquées du trader français inquiétait la City.
Les prises de position risquées du trader français inquiétait la City. © REUTERS
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avec AFP , modifié à
Un trader français de la banque américaine a fait perdre des milliards à la banque américaine.

A la City, certains l'appellent "la baleine de Londres". Derrière ce surnom se cache un trader français de la banque américaine JP Morgan, Bruno Michel Iksil. Basé à Londres, ce courtier serait à l'origine d'une perte monumentale de 2 milliards de dollars sur ces six dernières semaines, et annoncée jeudi par la banque. La facture pourrait même encore augmenter d'un milliard, note Le Figaro.

Le PDG de JP Morgan, Jamie Dimon, a admis avoir découvert le problème après la publication, début avril, d'un article du Wall Street Journal qui s'étonnait des prises de position massives et très risquées du trader. Jamie Dimon avait alors qualifié ces informations de "tempête dans un verre d'eau".

"Mauvais jugement"

Il a expliqué jeudi que le portefeuille d'actifs incriminé présentait encore "beaucoup de volatilité". "Le risque va perdurer pendant plusieurs trimestre", a-t-il prévenu, affirmant qu'il y avait eu "beaucoup d'erreurs, de manque de rigueur et de mauvais jugement" dans cette affaire.

Ces dernières années, Bruno Michel Iksil, aussi surnommé "Voldemort" selon le Huffington Post, aurait rapporté 100 millions de dollars par an à JP Morgan, rapporte le Wall Street Journal. Le Français opèrait sur le marché des "credit default swaps" (CDS), les fameux dérivées de crédit à l'origine de la crise financière de 2008. Il s'agit en quelque sorte des contrats d'assurance servant à se protéger d'un éventuel défaut de paiement d'une entreprise ou d'un Etat. 

A lui seul, il influence le marché

Sur ce marché, "la baleine de Londres" était devenu si puissant qu'il pouvait, à lui seul, faire évoluer la tendance, notent Les Echos. Mais ses prises de position risquées se soldent aujourd'hui par des pertes colossales pour une banque qui avait pourtant réussi à sortir de la crise en meilleur forme que ses concurrents.

Cette affaire tombe même particulièrement mal pour JP Morgan et son PDG. En 2010, le Congrès américain a adopté la règle de Vockler, une mesure phare de la réforme financière, visant à encadrer les investissements dans les produits dérivés comme les CDS. Jamie Dimon s'était à plusieurs reprises opposé à cette réforme. L'épisode de "la baleine de Londres" risque fort de lui donner tort.