Hollande veut un "pacte" de compétitivité

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Sophie Amsili avec agences , modifié à
Le président a écarté l'idée d'un "choc" sur la fiscalité des entreprises. Retour sur un "recadrage".

Le Président de la République a choisi ses mots jeudi soir : pour rendre la France plus compétitive, il faut un "pacte" plutôt qu'un "choc", a affirmé François Hollande devant un parterre de patrons de PME. Mission : regagner la confiance du patronat et préparer le terrain à dix jours de la remise du très attendu rapport Gallois sur la compétitivité, qui devrait préconiser, lui, un "choc".

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"Je déconseille l'idée du choc, qui traduit davantage un effet d'annonce qu'un effet thérapeutique", a prévenu François Hollande lors de ce "Grand rendez-vous" d'Oséo, la banque des entreprises. En clair, pas de baisse brutale de la fiscalité pesant sur les entreprises mais "un ensemble de moyens, de dispositions, de politiques" sur la durée. La réduction du coût du travail, demandée par le patronat n'en est que "l'une des dimensions", a assuré François Hollande, alors que cette question sera discutée vendredi à Matignon après une première réunion lundi sur les aspects "hors coût" de la compétitivité.

Un débat cacophonique

Le président prend ainsi un peu plus ses distances avec le rapport Gallois même s'il assure que le "pacte" sera élaboré "sur la base des propositions" de ce dernier. Le rapport recommanderait une baisse de charge de 30 milliards d'euros sur deux ou trois ans, compensée par une baisse de la dépense publique et une hausse modérée de la CSG et de la TVA. Des conclusions aux antipodes des promesses de campagne de François Hollande et qui ont suscité un débat cacophonique depuis.  

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Ainsi, alors que le Medef exige une baisse urgente des charges fiscales, l'économiste Jacques Attali, auteur d'un rapport sur la croissance en 2010, estime qu'on se trompe de cible : "La compétitivité c'est l'innovation, la recherche, le goût du risque", a-t-il souligné, estimant qu'"il faut tout jouer sur l'intelligence". Au sein du gouvernement même, les avis sont partagés, entre la possibilité d'une hausse générale de la CSG et celle d'un relèvement de la TVA réduite dans la restauration.

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Des mesures pour l'innovation

Alors le président  a voulu recadrer le débat en donnant les grandes lignes du plan gouvernemental. S'il y aura bien "un basculement" d'une partie des charges sociales des entreprises vers la fiscalité, il se fera "dans le temps" pour ne pas "affecter la demande intérieure", a prévenu François Hollande. Mais sans préciser de chiffre. L'impôt sur les sociétés sera modulé selon la taille de l'entreprise, conformément à une promesse de campagne, et son assiette sera élargie, le tout avec l'idée "d'assurer une convergence européenne".

L'innovation, la recherche et l'accès aux financements font aussi partie la compétitivité d'un pays, a souligné François Hollande. D'après les Echos, le président a ainsi annoncé un préfinancement du crédit d'impôt recherche par la Banque publique d'investissement pour aider les entreprises à financer leurs dépenses de recherche ainsi qu'un prêt pour l'innovation pour faciliter les conditions de mise sur le marché d'un produit.

Parmi les autres pistes à l'étude, le chef de l'Etat a évoqué "l'accès aux capitaux, le prix de l'immobilier, la complexité administrative, la rigidité du marché du travail, l'inadéquation des formules, voire même de la formation" ainsi que "l'énergie".

"Je vous confirme ce soir que les dispositions en faveur de l'investissement dans les PME seront maintenues toute la durée du quinquennat", a-t-il par ailleurs réaffirmé. "Rien ne pourra se faire sans les entreprises, et encore moins contre", a encore lancé le président en assurant les patrons de sa "confiance",  suscitant quelques applaudissements.