Ghosn, Varin, pourquoi ils sont inquiets

À la veille du Mondial de l'auto à Paris, Philippe Varin et Carlos Ghosn, patrons de PSA et Renault, tirent fort la sonnette d'alarme.
À la veille du Mondial de l'auto à Paris, Philippe Varin et Carlos Ghosn, patrons de PSA et Renault, tirent fort la sonnette d'alarme. © Montage Europe1.fr avec Reuters
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À la veille du salon de l'auto à Paris, les patrons de Renault et PSA tirent la sonnette d'alarme.

"Le marché européen est surcapacitaire et va le rester. Dans ce contexte, il est évident qu'il y a un certain nombre d'usines à fermer." Ce triste constat est celui de Philippe Varin, président du directoire de PSA, dans une interview aux Echos publiée jeudi. "Nous avons décidé de le faire, mais d'autres constructeurs devront mener des opérations similaires", prévient celui qui a programmé la suppression de 8.000 postes dans son groupe et la fermeture de l'usine d'Aulnay.

Philippe Varin

© © REUTERS/John Schults

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 À la veille du Mondial de l'auto à Paris, les constructeurs français tirent fort la sonnette d'alarme. "Le marché européen est vraiment très mauvais, renchérit, dans le Figaro, le patron de Renault Carlos Ghosn. "Il devrait chuter d'environ 8% en 2012, alors que nous prévoyions une chute de 3% en début d'année, et de 6 à 7% en juillet. Malheureusement, nous ne voyons pas d'amélioration l'an prochain: le marché sera au mieux stable ou, plus probablement, légèrement en baisse." Même son de cloche, c'est-à-dire morose, chez Philippe Varin, qui prédit un recul de 8% en Europe cette année et "trois ans plats" à venir.

Carlos Ghosn

© Reuters

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Fermeture de "cinq à dix usines" en Europe de l'Ouest

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Les deux patrons ont bien raison d'être inquiets. Renault réalise encore 53% de ses ventes sur le Vieux-continent. Le chiffre s'élève à 60%  pour PSA. En juillet, une étude du cabinet de conseil Roland Berger venait confirmer les craintes des constructeurs. "Depuis 2007, le marché automobile européen subit une forte baisse et tout particulièrement le segment milieu de gamme. Entre cinq à dix usines automobiles pourraient fermer et jusqu'à 80.000 emplois disparaître d’ici deux à trois ans en Europe de l'Ouest", prévenait les auteurs. 

"A part Volkswagen et Ford, les autres constructeurs affichent des taux de productivité dans leurs usines qui sont insoutenables et le marché ne va pas se redresser", soulignait alors Max Blanchet, consultant senior chez Roland Berger, en parlant de GM et d'Opel, de PSA Peugeot Citroën et Renault et de Fiat.

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"Ce salon automobile de Paris a lieu dans un moment de tension. Beaucoup de gens se demandent combien de temps la crise va durer en Europe et quelles sont les difficultés qui nous attendent", constate également Martin Winterkorn, président du directoire de Volkswagen, pourtant en bien meilleure situation que les Français.

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"L'emploi est lié à la compétitivité"

Incapables de redresser la barre seuls, faute de conjoncture, les constructeurs pressent donc le gouvernement. "Aujourd'hui, le principal sujet de Renault, notre urgence même, c'est notre compétitivité en France. Renault ne peut pas traiter tout seul le problème. Nous avons un problème de coût du travail et nous avons besoin de flexibiliser le travail. II n’y a aucun doute: la conservation de l’emploi est liée à la compétitivité", martèle le patron de la marque au losange.

Usine

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"Il est extrêmement important d'alléger les charges sur les emplois industriels. Si nous arrivions à baisser nos coûts salariaux de 5 à 10 %, ce serait très substantiel pour le groupe", renchérit Philippe Varin, pour qui, toutefois, le sujet doit se régler au-delà des frontières hexagonales. "Nous manquons, en Europe, d'une impulsion pour mettre en œuvre une politique industrielle automobile. Les mentalités vont devoir évoluer. Face à des problèmes de surcapacité, il faut pouvoir reconvertir les équipes vers des nouveaux métiers", développe-t-il.

Le gouvernement attend le rapport Louis Gallois, début octobre, pour préciser ses réponses. Cout du travail, recherche, innovation, renforcement du tissu des PME en France devraient être évoqués. Reste que les problèmes de compétitivité ne sont pas les seuls. Retard sur le haut de gamme, outil industriel âgé, actionnaires parfois trop privilégiés… Les raisons du déclin de manquent pas. Et les défis qui attendent les constructeurs pour les années qui viennent, non plus. 

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