Facebook veut-il vraiment connecter la Terre entière ?

Facebook a dévoilé mercredi une initiative en partenariat avec d'autres entreprises visant à étendre l'accès à internet dans les pays pauvres.
Facebook a dévoilé mercredi une initiative en partenariat avec d'autres entreprises visant à étendre l'accès à internet dans les pays pauvres. © REUTERS
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Le réseau social veut étendre l'accès à internet à 5 milliards de personnes. Les experts n'y croient pas.

L'ambition. Peut-on connecter 5 milliards de personnes (sur 7 au total) à internet ? C'est le projet fou qu'a présenté mercredi Facebook. Le réseau social a noué des partenariats avec plusieurs géants des nouvelles technologies pour étendre l'accès à la toile aux pays pauvres, alors que seul un tiers de la population y a accès aujourd'hui (2,7 milliards).

>> En quoi consiste exactement ce projet ? Est-il crédible ? Éléments de réponse.

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Le projet internet.org. "Chacun mérite d'être connecté", a estimé mercredi sur CNN le patron de Facebook, Mark Zuckerberg. Son projet, baptisé Internet.org, vise à élargir l'accès en réduisant drastiquement le coût des services internet de base sur les téléphones mobiles dans les pays en voie de développement. "Il y a de gros freins dans ces pays pour se connecter et rejoindre l'économie du savoir. Internet.org est un partenariat global destiné à (...) rendre internet accessible à ceux qui ne peuvent pas se l'offrir", a détaillé le fondateur et principal actionnaire du réseau social. Concrètement, il s'agit de simplifier les applications mobiles, d'améliorer les composants des téléphones et des réseaux afin qu'ils soient plus performants tout en consommant moins d'énergie, et de développer des smartphones à bas coûts.

Facebook s'est bien entouré. Parmi les partenaires du projet figurent les fabricants d'équipements de télécommunication Nokia (Finlande) et Ericsson (Suède), le géant sud-coréen de l'électronique Samsung, les concepteurs de composants américain Qualcomm et taïwanais MediaTek ainsi que le navigateur internet norvégien Opera. S'ils ne sont pas partenaires à part entière, les réseaux sociaux Twitter et LinkedIn vont aussi collaborer. Pour parvenir à leur objectif, les sept groupes partenaires vont développer des projets communs, partager leurs connaissances et mobiliser industriels et gouvernements.

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Projet altruiste ou propagande? À première abord, Facebook semble avoir les yeux plus gros que le ventre. Selon les experts, Marc Zuckerberg n'est pas idéaliste, et il s'agit avant tout d'un coup de bluff. "C'est de la propagande", affirme ainsi Trip Chowdhry, analyste de Global Equities Research. Pour lui Facebook et ses partenaires lancent ce projet pour gagner de nouveaux marchés dans des pays à fort potentiel de croissance. Les pays riches sont saturés alors que les zones pauvres comme l'Afrique, l'Amérique latine et certains pays d'Asie sont des réservoirs de nouveaux clients. "En Inde, même si seulement 1% des gens deviennent riches, cela représentera 10 millions de personnes. Des multinationales ont tout intérêt à pouvoir les toucher" par la publicité, fait-il remarquer. Et cette publicité, Facebook compte bien en être un des vecteurs.

Irréalisable. Pour Trip Chowdhry, si l'initiative de Facebook et ses partenaires était réellement altruiste, elle devrait se focaliser d'abord sur l'investissement dans l'électricité. "Beaucoup de régions pauvres n'ont accès à l'électricité que 3 à 4 heures par jour. Et vous pensez qu'ils vont en profiter pour aller sur Facebook?". Le site d'analystes 247wallst.com qualifie, pour sa part, le projet d'irréaliste. "Donner accès à l'internet à 5 milliards de personnes c'est comme leur apporter de la nourriture, de l'eau et l'accès à l'enseignement. La logistique et les coûts défient le pouvoir financier d'entreprises comme Qualcomm, encore plus quand elles sont en difficulté comme Nokia".

"Il faudrait injecter des centaines de milliards de dollars pour créer les infrastructures nécessaires", d'autant que beaucoup des gouvernements des pays concernés "ne veulent pas que leurs citoyens soient connectés à l'internet", ajoute 247wallst.